20 Minutes (Lille)

Réforme des retraites « À la fin du mois, il me reste entre 2 et 4 € »

En plein débat sur la réforme des retraites, les regards se tournent vers les seniors qui subsistent avec peu. Des lectrices de 20 Minutes confient leurs galères

- Delphine Bancaud Photo : J. Picaud / Sipa

Pour certains et certaines, les fins de mois sont toujours difficiles. Si la pension de retraite moyenne en France s’élevait à 1 400 € net par mois fin 2020, selon une étude du ministère des Affaires sociales, des retraités sont bien loin de ce montant. En premier lieu, celles qui ne touchent pas une retraite à taux plein (c’est-à-dire une pension calculée sur la base de 50 % de leur salaire brut annuel moyen). C’est le cas de Françoise, 68 ans, qui a répondu à notre appel à témoignage­s : « Ma pension s’élève à 1 009 €, en comptant ma retraite complément­aire. Je n’ai pas eu assez de trimestres. »

Parmi ces titulaires d’une faible pension, les femmes sont surreprése­ntées. Selon l’étude de la Drees, 44 % des femmes de la génération 1950 sont ainsi parties à la retraite avec une carrière incomplète, contre 32 % chez les hommes. Car elles occupent plus souvent des postes à temps partiel et interrompe­nt leur carrière parfois plusieurs années pour élever leurs enfants. C’est le cas de Betty, 69 ans, qui en paie le prix désormais : « Je n’ose pas divulguer le montant de ma pension à mes amis tellement il me paraît invraisemb­lable. Je perçois une retraite de 250 € pour vingt-deux ans de cotisation. Nous avons eu deux enfants et, si j’ai pris la décision de ne pas continuer à travailler, c’était pour me consacrer à leur éducation. »

Et certaines, touchant une pension de misère, n’ont pas d’autre choix que de remonter en selle. « Je ne peux pas faire autrement, car je ne perçois aucune aide sociale, regrette Françoise. J’effectue donc des missions d’auxiliaire de vie et des heures de ménage dans un établissem­ent privé. » Yamina, 62 ans, a aussi été contrainte de poursuivre une activité : « Ma pension est de 342 €. Je suis obligée de travailler à temps partiel pour compenser. Mais c’est très compliqué, car je suis malentenda­nte et j’ai de l’arthrose. » Brigitte, 73 ans, qui a travaillé à la mairie de Toulon (Var) jusqu’à 66 ans, n’a pas pu se reposer au soleil ensuite : « Je suis locataire. Pour pouvoir payer toutes mes charges, j’ai repris un emploi dans un magasin jusqu’à mes 70 ans. J’étais debout toute la journée. Aujourd’hui, je suis épuisée et pauvre. Je n’irai pas en maison de retraite, je préfère me jeter d’un pont. » Quant à celles et ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas travailler à l’heure où ils devraient profiter de la vie, leur petite pension les oblige à tout compter. C’est le cas de Michèle, 75 ans : « À la fin du mois, après avoir réglé tout ce que je dois, il me reste entre 2 et 4 €. » Brigitte, 63 ans, est, elle aussi, amère : « Je ne touche que 1 100 € par mois. Étant seule et locataire, ma retraite me paie mes factures, mais pour me nourrir, c’est dur. Je ne touche aucune aide sociale et je ne fais que survivre. Mon entourage trouve ma situation honteuse : j’ai pourtant tant travaillé ! »

« J’ai repris un emploi dans un magasin jusqu’à mes 70 ans. Aujourd’hui, je suis épuisée et pauvre. » Brigitte, retraitée

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France