MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté, lors des trois premières saisons de « Money Jungle », une série librement inspirée de faits réels, les mésaventures de l’oligarque Oleg Chestov, collectionneur de chefs-d’oeuvre, prêt à tout pour préserver sa fortune, conquise dans des circonstances non encore élucidées à ce jour. Affaibli par un cancer, il est obligé de jouer toutes sortes de double jeu, entre les Américains et les Russes, pour échapper aux conséquences de la guerre en Ukraine, entre le Prince du Royaume et un puissant promoteur immobilier, pour obtenir un passeport saufconduit. L’étau ne cesse de se resserrer lentement.
Résumé de l’épisode 13 : Il est difficile de se séparer de la poule aux oeufs d’or. Chestov, l’oligarque russe, avait beau sentir le soufre, le financement qu’il apportait au club de foot du Royaume faisait qu’on préférait oublier son passé trouble et qu’il pourrait être la cible de sanctions internationales.
L’épée de Damoclès
Le Prince avait une marotte, l’écologie et les glaces des pôles, une sorte de bouffée d’air pur dans un environnement parfois vicié. L’invitation de la part
des organisateurs du Forum économique mondial de Davos à participer à la session annuelle l’avait réjoui : «Voilà une bonne raison pour m’échapper, venir dans cette station suisse des Grisons. » Et puis, intervenir en tant que l’un des grands de ce monde, ça flatte l’ego.
L’hélicoptère au bord duquel il avait pris place, se posa délicatement sur l’hélisurface de la station alpine dans un nuage tourbillonnant de neige soulevée par les pales. L’admonestation américaine semblait bien loin. Les affaires du Royaume tenues à distance. Pourtant, à peine avait-il laissé un pourboire au valet de chambre qui déposait ses valises dans la suite de l’Alpengold Palace qu’un message apparu sur son téléphone : « Puis-je vous voir ? » C’était son aide de camp qui avait dû s’absenter un instant.
« Mon correspondant américain vient de me donner des éléments très confidentiels sur un oligarque qui vient tout juste d’être touché par les sanctions, comme s’il voulait nous avertir ! ». Sanctions, oligarques, Russie, tels étaient les maîtres-mots de cette conférence. Parvenu dans le lobby de l’hôtel, c’est maintenant la présidente de la Banque centrale européenne qu’il croisait et saluait. Son altesse, qui se voulait confiante, lui glissa à propos de Chestov : «Vous voyez, il n’est pas sanctionné.» La présidente se tourna alors vers le lui et vrilla son regard bleu acier dans ceux du Prince : « Pour l’instant ».
(à suivre)