La succession des tremblements de terre menace le centre de l’Italie
D’autres failles pourraient se rompre, selon Bertrand Delouis, chercheur au laboratoire Géoazur
C’est le troisième en moins d’une semaine. Dimanche matin, un séisme de magnitude 6,5, le plus puissant depuis 1980, a frappé le centre de l’Italie. Le tremblement de terre, qui a provoqué de nouvelles destructions mais pas de morts, selon la protection civile, a été analysé par des scientifiques de l’université de Nice-SophiaAntipolis. 20 Minutes fait le point sur la situation avec Bertrand Delouis, chercheur au laboratoire Géoazur.
Que s’est-il passé dimanche? Quatre jours après deux secousses de magnitude 5,5 et 6,1, un nouveau séisme a frappé le centre de l’Italie. L’épicentre est situé à 6 km au nord de Norcia. Le 24 août, un séisme dans cette région avait été particulièrement meurtrier, faisant près de 300 victimes. « Le centre de l’Italie est traversé par un système interconnecté de failles le long des Apennins, une chaîne de montagnes, détaille Bertand Delouis. Elles emmagasinent de l’énergie progressivement au fil du temps. Un certain nombre de ces failles sont proches de la rupture. Elles cèdent les unes après les autres. »
Des répliques peuvent-elles survenir ? C’est ce que craignent les Italiens déjà secoués à trois reprises ces derniers jours. « Les failles de ce secteur ne s’étaient pas rompues depuis longtemps et nous observons que le système se rompt désormais sur sa totalité, sur sa continuité. Mais on ne peut pas vraiment prédire la suite des événements, précise le chercheur azuréen. Il existe encore d’autres segments de failles. Il peut donc y avoir de nouveaux déclenchements, comme rien du tout, pendant des années. » Cette région d’Italie avait déjà enregistré, au fil des derniers siècles, des tremblements de terre de magnitudes « bien plus fortes, de 6,8 et même audelà », indique Bertrand Delouis.
Existe-t-il des interconnexions avec d’autres systèmes de failles ? « Le système actuel de failles en Italie est distinct de nos systèmes français, répond le scientifique. Nous sommes sur des distances suffisamment grandes. Rien ne dit non plus que le système italien ne pourrait pas un jour provoquer le déclenchement d’un tremblement de terre plus proche de nous. Sur la Côte d’Azur, nous affichons une sismicité normale depuis le tremblement de terre de Saorge, près de Menton. » Début septembre, le département des Alpes-Maritimes, déjà concerné par de très forts séismes dans son histoire, avait été secoué par un séisme de magnitude 3,7 à 3,9. W