Des policiers en rangs serrés
Un des leurs a été convoqué jeudi par la police des polices
Ils ont scandé son prénom avant d’entonner La Marseillaise. Plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés, jeudi après-midi, devant le siège de l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN), dans le 12e arrondissement de Paris, pour soutenir Guillaume L. Le fonctionnaire de police à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), l’un des principaux meneurs de la fronde, était convoqué par la police des polices pour son comportement pendant les manifestations sauvages. A visage découvert, il relayait les revendications du mouvement qui a débuté il y a plusieurs semaines après l’attaque aux cocktails Molotov de policiers à ViryChâtillon (Essonne). « Il a soutenu nos revendications, réussi à fédérer tout le monde, donc il est normal que nous soyons derrière lui quand il se fait convoquer », indique un policier de SeineSaint-Denis, interrompu par les acclamations de la foule pour saluer le « héros » du jour, qui se rend à son rendez-vous.
Une association créée
Si l’heure est au soutien, elle est également au rappel des revendications. De l’autre côté des barrières qui bloquent l’entrée de la rue, Guillaume L. crie « merci » avant d’être rejoint par Maguy, nommée le matin présidente de l’association Mobilisation des policiers en colère. « On va essayer de rassembler les mouvements qu’il y a un peu partout en Ile-de-France, à Marseille, à Nice, en Vendée. On a décidé de créer l’association, parce que les syndicats, on n’en veut plus. Ça va permettre de structurer le mouvement et de se déclarer. » Les deux acolytes entrent dans les locaux de l’IGPN sous les hourras de la foule. Un peu plus tard, les acclamations saluent cette fois-ci Robert Paturel, l’un des porte-parole du mouvement. « Ce qu’il faut pour résoudre cette crise, c’est de l’écoute active. Quand on parle et qu’on n’est pas entendus, au bout d’un moment, on gueule », explique l’ancien fonctionnaire, qui indique qu’il ne sera plus porte-parole du mouvement, Maguy reprenant le flambeau. Les heures passent rue Hénard. La foule se fait un peu plus clairsemée. Les policiers trompent l’attente en répondant aux journalistes, comme Cédric* : « Si on veut, on peut se relayer 24 h/24 tant que nous n’aurons pas été entendus. » Après six heures d’audition, Guillaume L. sort des locaux de l’IGPN, et ne sait pas s’il sera sanctionné. « La décision appartient au préfet de police de Paris, c’est lui qui a les cartes en main. » En matière de manquement à la déontologie, les sanctions vont de l’avertissement à la révocation. Guillaume L. assure, lui, « ne rien regretter ».
* Le prénom a été modifié.