L’accusé Berkane Makhlouf a dû se raconter
La personnalité du beau-père de l’enfant a occupé la première journée des débats
C’est Marie Grimaud, avocate de l’association Innocence en danger, qui a posé la seule question qui vaille. « A ce procès, votre parole va-t-elle avoir un sens? » Berkane Makhlouf s’est redressé avant de répondre. « Oui. Enfin, j’espère… » Accusé, tout comme son ex-compagne Cécile Bourgeon, d’avoir porté les coups ayant entraîné la mort, en 2013, de la petite Fiona, 5 ans, l’accusé a détaillé, lundi, à la barre de la cour d’assises de Riom (Puy-de-Dôme), son curriculum vitae. Comment croire un homme qui a demandé à la France entière de l’aider à rechercher sa « pépette » alors qu’il l’avait enterrée aux abords d’une forêt? Comment croire un homme dont le traitement médicamenteux dégouline de chaque phrase ?
Aimer et violenter
Berkane Makhlouf a 35 ans. Dont vingt passés à se droguer. Celui qui a arrêté l’école en quatrième fait un exposé sur l’héroïne, le LSD, l’ecstasy et le « crack maison ». Sans parler de sa plantation de champignons hallucinogènes qui a servi de cadre pour une photo de Fiona. « Si on n’avait pas consommé tout ça, on n’en serait pas là », a-t-il lancé comme une excuse. Mais le procès va durer quinze jours. Et il est encore trop tôt pour interroger Berkane Makhlouf sur ce qu’il s’est réellement passé. Alors on le fait parler de Sandra, Sabrina, Virginie… Autant de femmes qu’il a aimées. Qu’il a terrorisées aussi. « Il me crachait dessus, il m’humiliait, il me frappait, il m’enfermait », détaille ainsi Stéphanie. Berkane Makhlouf a tout autant aimé Cécile Bourgeon, la mère de Fiona. « C’est une femme extraordinaire. Ce n’est pas un assassin. Et moi non plus. Je ne vais pas mentir là-dessus. » Sur quoi d’autre pourrait-il mentir? Lorsque l’on est accusé d’avoir enterré une fillette, rien d’autre n’a d’importance. « Mais si ni Bourgeon ni Makhlouf ne veulent révéler le lieu de la sépulture, c’est qu’ils cachent quelque chose de plus sordide encore », pense un avocat de la partie civile. Des hypothèses. C’est bien tout ce que les deux accusés ont laissé à la fin de cette première journée d’audience. Car Berkane Makhlouf l’assure. « Pour moi, les enfants, c’est sacré ! Je n’ai jamais mis la main sur eux. » Invité à décliner ses qualités, il s’est décrit comme un « homme de parole d’honneur ». Il a deux semaines pour le prouver.