20 Minutes (Lyon)

Chiqué choc

Considéré comme surjoué voire ringard, le catch aurait des vertus insoupçonn­ées. Les passionnés témoignent.

- Benjamin Chapon

Les fans de catch se préparent pour Wrestleman­ia XXXIII, le 2 avril 2017 à Orlando, en Floride. Scénarisés, surjoués, manichéens, mais tellement humains, les combats portent en eux la contradict­ion essentiell­e du vrai contre le faux. Le Dr Guillaume Latarjet, psychologu­e spécialisé dans le traitement des traumatism­es psychiques, a expériment­é des visionnage­s de combats de catch avec ses patients : « Cela permet de détendre le patient avec une séance plus légère, moins centrée sur sa prise de parole. Ensuite, les combats de catch sont très satisfaisa­nts pour notre cerveau. » Les neurologue­s ont détecté depuis longtemps le plaisir que l’on ressentait à entretenir un mensonge sans conséquenc­e. Des fonctions du cerveau entrent en concurrenc­e : pour prendre du plaisir, certaines souhaitent y croire, d’autres savent qu’il ne s’agit pas d’un vrai combat. « Les résultats étaient plus probants avec du catch qu’avec du théâtre, note le Dr Latarjet. Peut-être l’aspect brutal, mais chorégraph­ié joue-t-il, ou le manichéism­e des opposition­s. » Le catch, c’est un gentil contre un méchant. Quelle que soit l’issue, le spectateur est content. « Je sais que c’est un peu bébête et ringard, mais ça m’amuse tellement, assume Kevin Georgerin, président d’une associatio­n de fans de catch marseillai­s. Avec Internet, tout

le monde sait que les matchs sont scénarisés. Si les catcheurs sont bien des athlètes, c’est pour leur capacité à faire le show sans se faire trop mal. Le catch n’est plus un sport violent, c’est devenu un vrai divertisse­ment grand public. » Mais ils ne sont pas réputés pour être de grands acteurs. « Je trouve que ça donne du charme aux combats, explique Darren Fog, rédacteur en chef du site VoxCatch. Depuis que le catch est clairement proposé comme une fiction, le public est plus varié. La World Wrestling Entertainm­ent (WWE, productric­e de la quasi-totalité des spectacles de catch) cherche à élargir son public avec des stratégies dignes des séries télé. Chaque combat serait un épisode que l’on peut suivre et comprendre seul, mais qui donne envie de connaître toute l’histoire des personnage­s. » Le genre de formule qui a fait le succès de séries comme « Dr House » ou « Les Experts ». Roger Seguin, fan depuis les années 1990, s’adonne à sa passion grâce au pay-per-view développé par la WWE. « Je regarde ça en direct une fois par semaine, au milieu de la nuit du lundi au mardi, explique Roger. C’est sûr que le lendemain, je n’ai pas trop les yeux en face des trous au boulot, mais je ne peux pas m’en passer. J’ai besoin de ma dose. »

 ??  ?? A la WrestleMan­ia XXXII, le 3 avril 2016.
A la WrestleMan­ia XXXII, le 3 avril 2016.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France