« Rien dans ces affiches pour perturber les enfants »
La campagne de prévention du sida vue par une psychiatre
Une campagne « contraire aux bonnes moeurs et à la moralité », « volontairement provocante » qui « n’a pas sa place à proximité des écoles »… Voilà, entre autres, ce qu’a inspiré à une poignée d’élus la dernière campagne de prévention du sida lancée par le ministère de la Santé. Mais que pensent les pédopsychiatres de l’argumentaire des maires accusés de réactions homophobes? Le point de vue de Myriam Szejer, psychanalyste à la maternité de l’hôpital Foch de Suresnes et coauteure de L’Aventure de la naissance avec la PMA (éd. Gallimard Jeunesse).
Des maires ont censuré cette campagne de prévention, estimant que les affiches peuvent heurter les enfants. Qu’en pensez-vous ?
Il y a dans l’espace public des images, des publicités, autrement plus choquantes que ces affiches. Sur un plan psychologique, a priori rien dans cette campagne n’est de nature à perturber les enfants : les images ne sont pas à caractère pornographique et les messages écrits ne sont pas provocateurs. Et, si un enfant interroge ses parents sur leur contenu, c’est l’occasion, pour eux, de lui apporter un éclairage adulte sur ce qui est représenté.
Que dire aux maires et aux parents qui sont choqués par ces affiches ?
S’ils sont choqués, c’est certainement parce que l’on y voit des couples homosexuels. Mais, à partir du moment où la loi met sur un pied d’égalité tous les individus quelle que soit leur orientation sexuelle, autorise le mariage pour tous, c’est à tous de se soumettre à ce cadre légal. Malgré ce que peuvent penser certains élus ou parents, personne ne peut s’opposer à ce qui est légalement autorisé et reconnu. Censurer ces images au motif qu’elles montrent des couples de même sexe n’est pas recevable dans ce contexte légal.
La campagne aurait-elle dû être menée différemment ?
Il aurait fallu mettre aussi en scène des couples hétérosexuels, parce que le sida peut toucher tout le monde et que tout le monde doit être sensibilisé à cette problématique. Mais le fait est que les hommes ayant des relations homosexuelles constituent une population plus touchée par le VIH. On ne peut pas faire l’économie de cette prévention.
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