20 Minutes (Lyon)

Des paroles, des larmes, mais pas de vérité

Les deux accusés ont attendu la veille du verdict pour commencer à se confier

- De notre envoyé spécial à Riom (Puy-de-Dôme), Vincent Vantighem

La « vérité » est sans doute le mot qui a été le plus prononcé, durant neuf jours, devant la cour d’assises de Riom. Mais alors qu’elle doit rendre son verdict, ce vendredi soir, absolument rien n’a permis de la faire émerger des bouches de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf. Jugés pour les coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner de Fiona, 5 ans, en 2013, les deux accusés ont pourtant suscité un ultime espoir, jeudi matin. Abrutis par les médicament­s, quasi mutiques depuis le début des débats, ils se sont soudaineme­nt mis à parler. « C’est arrivé le mardi, attaque la mère de la fillette, en parlant des coups portés sur sa fillette. Le mercredi, on a mis le bandeau [sur la tête pour masquer ses hématomes]… » Les larmes viennent. Les mots se muent en logorrhée qu’elle jette, violemment, au visage de son ancien compagnon qui partage son box. « Mais remets-toi ça dans la tête! » Halluciné, Berkane Makhlouf met quelques secondes à encaisser le coup. Et puis, il craque à son tour. « Je reconnais. Je suis quelqu’un d’exécrable, de possessif, de paranoïaqu­e. Mais, oh! Je ne suis pas un bourreau d’enfants ! », lâchet-il, la voix brisée par des sanglots.

« Deux êtres en miroir »

Immatures, narcissiqu­es : ce sont deux êtres « en miroir » que les psychologu­es ont décrit lors de ce procès. Lui, le « toxicomane violent ». Elle, la « manipulatr­ice froide », qui « désire un enfant comme on veut une glace ». Car tout part d’un mensonge balancé, en direct à la télévision, un soir de mai 2013. Fiona a disparu et Cécile Bourgeon demande à la France de « l’aider à la retrouver ». Les cruelles images sont diffusées dans le prétoire alors que la cour sait bien, aujourd’hui, que la petite a été enterrée « dans un bois » sans que, jamais, on ne parvienne à la retrouver. On en revient donc toujours là, trois ans après : pas de corps, pas de preuves… « On sait pas de quoi elle est morte », martèle Cécile Bourgeon. Les jurés non plus. Il ne leur reste donc que leur intime conviction pour juger si les accusés doivent être emprisonné­s pendant trente ans. Ces derniers seront fixés ce vendredi soir.

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Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon seront fixés sur leur sort ce vendredi.

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