20 Minutes (Lyon)

Le mal des mers du Sud

Le meilleur, ou le pire, est à venir sur le Vendée Globe, puisque la flotte aborde l’océan Indien

- William Pereira

Alex Thomson fonce seul en tête du Vendée Globe sur sa Formule 1 des mers. Jusqu’ici, tout va bien pour le Britanniqu­e (lire l’encadré), qui vient de franchir le cap des Aiguilles et donc de changer d’océan, passant de l’Atlantique à l’Indien. Pour lui et ses adversaire­s, c’est une nouvelle course qui débute. Plus dure, plus impitoyabl­e, plus fatigante. Et plus belle, aussi. « Les mers du Sud, ce sont des grandes houles, des coups de vent (de 60 à 90 km/h environ), des tempêtes, c’est le froid, l’humidité… témoigne Raphaël Dinelli, 10e du Vendée Globe 2008-2009. C’est un combat de chaque instant qui commence. » D’autant que de gros dangers pointent à l’horizon. « Les skippers vont devoir se méfier des icebergs 24 h/24. » Et comme si la difficulté n’était pas assez élevée comme ça, Dame Nature a ajouté un petit obstacle en plus. « Il y a une vraie appréhensi­on de la nuit, raconte l’ancien navigateur. Le ciel n’est pas étoilé, il y a des nuages, de la brume et donc un manque de visibilité. C’est stressant. » Alex Thomson, Armel Le Cléac’h et les autres sont quand même chanceux dans leur malheur, puisque les nuits seront courtes.

Pures, mais hostiles

L’autre truc chiant, c’est que toute blessure, même minime, peut vite s’avérer problémati­que. « Avec l’eau salée, la cicatrisat­ion est rendue plus difficile, reprend Dinelli. Il faut donc faire très attention, d’autant qu’avec le froid et l’humidité, la peau s’attendrit. » Une certaine idée de l’enfer. Mais l’effort vaut bien la beauté d’un milieu aussi pur qu’hostile. « Il y a des paysages magnifique­s à perte de vue, et, les rares fois où le ciel le permet, une lumière et des couleurs incroyable­s. C’est une zone un peu immaculée. » Et Armel Le Cléac’h de poursuivre dans un élan de lyrisme. « Là-bas, il n’y a pas de problème de politique ou de religion, c’est la nature seule qui dicte sa loi, témoignait le skipper (Banque Populaire VIII) il y a quelques mois dans L’Equipe. Cela rend l’endroit mystique. » La flotte aura un mois pour tenter de percer le mystère des redoutable­s mers du Sud.

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« Là-bas, c’est la nature seule qui dicte sa loi », selon Armel Le Cléac’h.

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