20 Minutes (Lyon)

Droite au but

Qui d’Alain Juppé ou de François Fillon représente­ra les Républicai­ns à la présidenti­elle ? La réponse est attendue dimanche soir.

- Olivier Philippe-Viela

François Fillon ne se fait pas de soucis. « Je vois mal les militants de gauche se mobiliser en masse contre ma candidatur­e », a assuré au Figaro, jeudi, le favori de la primaire de la droite et du centre, qui a devancé de 15 points Alain Juppé au premier tour. Car Fillon n’est pas Sarkozy, le moteur principal du vote de gauche. « Leur objectif étant de ne pas avoir à choisir, à terme, entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au second tour de la présidenti­elle, le contrat initial est rempli », observe Yves-Marie Cann, directeur des études politiques de l’institut Elabe. Difficile de donner un ordre de grandeur de la mobilisati­on des électeurs de gauche pour le second tour. Aucun institut de sondage ne s’y est risqué, de même qu’il est compliqué d’anticiper le nombre total de votants, dont l’ampleur avait surpris au premier tour. Alain Juppé, lui-même, ne semble pas compter là-dessus. « J’appelle à voter les électeurs de droite et du centre qui soutiennen­t mon projet », a-t-il assuré dans les colonnes de 20 Minutes, mercredi. « Il se droitise et affiche un double objectif : transforme­r Fillon en Sarkozy et déstabilis­er une partie de l’électorat modéré de son rival, car il a besoin absolument d’un transfert de voix de la droite », détaille Jean-Daniel Lévy, directeur du départemen­t politique et opinion d’Harris Interactiv­e.

Un vote anti-Fillon

Le maire de Bordeaux aurait besoin d’une mobilisati­on de la gauche encore plus forte qu’au premier tour. « En somme, il faudrait que la gauche vole à la droite sa primaire… », illustre par l’absurde le responsabl­e d’Elabe. Et encore, cela ne suffirait pas forcément. « Pour Juppé, l’absence de Sarkozy au second tour est un ressort électoral en moins. Désormais, même un sursaut de l’électorat de gauche ne lui permettra pas de gagner son pari », pense JeanDaniel Lévy. Néanmoins, la mise en lumière du programme très radical de François Fillon cette semaine a motivé des électeurs de gauche. Sophie avait choisi le Bordelais par anti-sarkozysme au premier tour : « Sans m’inquiéter de Fillon, car j’étais tellement persuadée que Juppé et Sarkozy seraient au second tour. Maintenant, je me dis qu’il est pire. Même si, de façade, il présente bien, dans le fond, Fillon est un catholique conservate­ur. J’irai donc voter, parce que j’ai le sentiment que le vainqueur de la primaire sera le prochain président. » Maximilien, lui, n’avait pas voté au premier tour, mais le score qu’a fait François Fillon l’inquiète : « Je pense que Fillon peut être dangereux. Des deux, Juppé est le plus modéré. Au fond, j’espère qu’on se mobilisera pour lui. » Reste à voir dans quelle proportion.

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Le score écrasant de Fillon au premier tour inquiète les votants de gauche.

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