Valls en rase campagne
Le nouveau candidat concentre les rancoeurs de la gauche
Il sera seul, sous la mitraille. Manuel Valls s’est lancé, lundi, dans la primaire de la gauche. « Ma candidature est celle de la conciliation, de la réconciliation », a plaidé l’ancien Premier ministre. La tâche ne sera pas aisée. Pour le moment, Manuel Valls semble surtout avoir réussi à rassembler… contre sa candidature. Ses rivaux l’ont déjà pris pour cible.
« Un coup fourré »
Arnaud Montebourg n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, dès lundi soir. « Qui est le Manuel Valls qui parle, celui qui candidate ou celui qui a gouverné ? Il défend la démocratie sociale mais il a gouverné avec le 49-3. Il défend le respect des citoyens, mais il a fait la loi Travail. Il défend l’unité des gauches, mais il a théorisé les “gauches irréconciliables”. Il dit vouloir unifier, mais il a porté la déchéance de nationalité. » Même tonalité chez Benoît Hamon, mardi. « Ses intentions de candidat contredisent ses actes de Premier ministre. Sa candidature est sans doute la plus clivante qui soit aujourd’hui au Parti socialiste. » « Il est en train de nous faire un coup fourré […] C’est à gerber », s’est désolé pour sa part Gérard Filoche. Marie-Noëlle Lienemann appelle, elle, depuis des semaines, à « faire battre Manuel Valls ». L’ex-locataire de Matignon est-il seul contre tous ? Son soutien, Philippe Doucet, tempère. « Pour être candidat, il faut remplir certaines conditions. On verra combien il en reste, le 17 décembre. Je ne suis pas sûr que Filoche, Larrouturou ou Lienemann seront encore là. » Mais, comme François Hollande, le Catalan pourrait être rattrapé par le bilan du quinquennat. « Il fait désormais des propositions qui ne sont pas de Hollande, comme le revenu universel, d’autres sur le dumping social. » « Il sera critiqué, bien sûr. Mais il a justifié sa candidature sur l’idée que la France et l’Europe entrent dans une nouvelle période. Il va déplacer les lignes de la campagne », avance Stéphane Rozès. « Il sera jugé sur sa capacité à poser un diagnostic et tirer les leçons de ce qui a été fait par le président sans se désolidariser de ce qu’il a fait à Matignon », parie le politologue. Un grand écart périlleux. L’aide des hollandais ou des aubrystes pourrait lui être utile. Mais ils n’affluent pas au rythme espéré. Un de ses lieutenants le reconnaît à l’AFP : « Le rassemblement est en oeuvre, mais cette campagne sera rude. »
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