20 Minutes (Lyon)

Valls en rase campagne

Le nouveau candidat concentre les rancoeurs de la gauche

- Thibaut Le Gal

Il sera seul, sous la mitraille. Manuel Valls s’est lancé, lundi, dans la primaire de la gauche. « Ma candidatur­e est celle de la conciliati­on, de la réconcilia­tion », a plaidé l’ancien Premier ministre. La tâche ne sera pas aisée. Pour le moment, Manuel Valls semble surtout avoir réussi à rassembler… contre sa candidatur­e. Ses rivaux l’ont déjà pris pour cible.

« Un coup fourré »

Arnaud Montebourg n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, dès lundi soir. « Qui est le Manuel Valls qui parle, celui qui candidate ou celui qui a gouverné ? Il défend la démocratie sociale mais il a gouverné avec le 49-3. Il défend le respect des citoyens, mais il a fait la loi Travail. Il défend l’unité des gauches, mais il a théorisé les “gauches irréconcil­iables”. Il dit vouloir unifier, mais il a porté la déchéance de nationalit­é. » Même tonalité chez Benoît Hamon, mardi. « Ses intentions de candidat contredise­nt ses actes de Premier ministre. Sa candidatur­e est sans doute la plus clivante qui soit aujourd’hui au Parti socialiste. » « Il est en train de nous faire un coup fourré […] C’est à gerber », s’est désolé pour sa part Gérard Filoche. Marie-Noëlle Lienemann appelle, elle, depuis des semaines, à « faire battre Manuel Valls ». L’ex-locataire de Matignon est-il seul contre tous ? Son soutien, Philippe Doucet, tempère. « Pour être candidat, il faut remplir certaines conditions. On verra combien il en reste, le 17 décembre. Je ne suis pas sûr que Filoche, Larrouturo­u ou Lienemann seront encore là. » Mais, comme François Hollande, le Catalan pourrait être rattrapé par le bilan du quinquenna­t. « Il fait désormais des propositio­ns qui ne sont pas de Hollande, comme le revenu universel, d’autres sur le dumping social. » « Il sera critiqué, bien sûr. Mais il a justifié sa candidatur­e sur l’idée que la France et l’Europe entrent dans une nouvelle période. Il va déplacer les lignes de la campagne », avance Stéphane Rozès. « Il sera jugé sur sa capacité à poser un diagnostic et tirer les leçons de ce qui a été fait par le président sans se désolidari­ser de ce qu’il a fait à Matignon », parie le politologu­e. Un grand écart périlleux. L’aide des hollandais ou des aubrystes pourrait lui être utile. Mais ils n’affluent pas au rythme espéré. Un de ses lieutenant­s le reconnaît à l’AFP : « Le rassemblem­ent est en oeuvre, mais cette campagne sera rude. »

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Valls rassemble...contre lui.

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