L’ex-ministre Jérôme Cahuzac, condamné à trois ans de prison ferme, fait appel
Jérôme Cahuzac condamné à trois ans ferme pour fraude fiscale
Il a d’abord regardé ses chaussures. Puis le plafond. Enfin, Jérôme Cahuzac s’est rassis. Comme sonné. L’ancien ministre du Budget a été condamné, jeudi, à une peine non aménageable de trois ans de prison ferme et à cinq ans d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Paris, qui le jugeait pour fraude fiscale. Jean Veil, son avocat, a indiqué qu’il faisait appel.
Une « peine logique »
Si sa peine était confirmée, Jérôme Cahuzac serait le premier ministre à dormir en prison depuis Alain Carignon, Jacques Médecin ou Bernard Tapie, dans les années 1990. Autre temps, autres moeurs ? « La peine de Cahuzac est logique au vu de la gravité des faits commis et, surtout, de l’exemple qu’il incarnait », décrypte une source judiciaire. Le président du tribunal, Peimane Ghaleh-Marzban, n’a d’ailleurs pas dit autre chose : « M. Cahuzac incarnait la politique fiscale de la France. » Désignant la finance comme son « ennemi », François Hollande et son gouvernement ont intensifié la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale depuis 2012. « Les fraudeurs ne pourront plus échapper très longtemps à la sanction », claironnaient Bernard Cazeneuve et Pierre Moscovici après l’adoption d’un projet de loi en novembre 2013. Jérôme Cahuzac et son ex-femme, Patricia, ne sont pas des fraudeurs ordinaires. « Avec un patrimoine dissimulé au fisc estimé à 3,5 millions d’euros, ils font partie des 10 % des plus gros fraudeurs de France », a insisté le Parquet national financier (PNF) dans ses réquisitions. Créé spécialement après le scandale Cahuzac, le PNF voit les dossiers s’accumuler sur ses bureaux. Et cette condamnation n’est pas pour rassurer ceux qui doivent lui succéder sur le banc des prévenus. Des dates d’audience sont déjà prévues pour l’industriel Serge Dassault, le marchand d’art Guy Wildenstein ou le député (PS) Thomas Thévenoud. Sans parler des époux Balkany, visés par une enquête quasiment bouclée, selon nos informations, ou encore de Nicolas Sarkozy, mis en examen pour corruption dans l’affaire dite « des écoutes ». « Les gens pensent que la justice est dure avec les faibles et faible avec les durs. Le tribunal a montré que ce n’était pas le cas », a relevé Charles de Courson, président de la Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Cahuzac.