Les enfants passent leur code
Pendant la semaine « Hour of Code », 10000 élèves de 7 à 15 ans apprennent à programmer
Ne jamais oublier qu’à 9 h du matin, des ados de 14 ans seront toujours plus réveillés que vous. Mais, ce mardi, au collège Georges-Méliès, dans le 19e arrondissement de Paris, une heure va calmer les élèves avec une efficacité redoutable : un cours de code.
Pas de Java, ni de C++, plutôt une familiarisation, proposée dans le cadre de la Semaine internationale « Hour of Code » proposée à 100 millions d’enfants dans le monde. Organisée par l’association Code.org et lancée en France par Microsoft, la semaine s’ajoute aux autres initiatives comme la CodeWeek, alors que le code est entré dans les programmes officiels.
Sur les ordinateurs, le jeu « Minecraft » (racheté par Microsoft) les attend. A gauche de l’écran, l’espace de jeu. Au centre, des petits blocs d’instructions (« Faire tourner le personnage à droite », « détruire le mur »), à empiler pour réaliser un programme. La marche à suivre leur est expliquée par les animateurs de l’association de soutien de scolaire ZUPdeCO. Motivés ? Un « ouais, je suis chaud! » retentit. « Pour créer les applis dont vous vous servez tous les jours, des gens ont donné des instructions à des ordinateurs, explique Béatrice Matlega de Microsoft. Quand on sait comment ils fonctionnent, on les maîtrise mieux. »
Fracture numérique
Une élève, qui avance très vite parmi les 14 étapes du jeu, confesse : « J’ai déjà “Scratch” [un logiciel libre d’initiation au code] à la maison. » Ahmad enchaîne lui aussi les niveaux. « J’en fais un peu chez moi. Je programme des logiciels pour spammer. » « Il sait même pas se faire une omelette et il fait genre », charrient ses potes. « Vous avez trouvé ça compliqué? » interroge l’animatrice, qui souhaite démystifier la programmation, perçue comme complexe. Elle ajoute : « Est-ce que développeur, c’est un métier que pour les garçons? » Un « Non » résonne, mais les chiffres bougent à peine : seulement 33 % de femmes dans le secteur du numérique. « Les garçons geeks, c’est des clichés, commente Ahmad. Sur “League of Legends” ou “Call of Duty”, la moitié des gens avec qui je joue, c’est des filles. »
Dans ce collège, les résultats au brevet y sont en deçà de la moyenne parisienne. « La fracture numérique est en train de se creuser, avec des jeunes bien nés qui auront une tablette et d’autres avec un ordi pour cinq », se désole Céline Corno de ZUPdeCO.