20 Minutes (Lyon)

Mal de chiens

La sélection à outrance des plus beaux spécimens engendre des tares génétiques

- Audrey Chauvet

Pour le Noël des animaux qui se tient ce week-end, la SPA met en garde contre la mode des chiens de race, sujets à des tares génétiques et conseille plutôt d’adopter de braves corniauds.

Comme pour les vêtements et les accessoire­s, il y a des modes dans les races de chiens, souvent venues des starlettes qui posent avec leur it-dog. De quoi concurrenc­er les animaux proposés à l’adoption par la SPA, samedi et dimanche*.

« Quand il y a une mode pour une race, certains éleveurs sont moins rigoureux sur la sélection des géniteurs parce qu’il faut produire beaucoup d’animaux », déplore Jean-François Courreau, professeur de génétique à l’école vétérinair­e de Maisons-Alfort (Val-deMarne). Dans les élevages, la beauté et la conformité aux critères de la race des individus reproducte­urs priment sur leur santé. Ainsi, pour les carlins, bouledogue­s ou boxers, qui ont vu leur nombre exploser ces dernières années, « on a raccourci leur face pour qu’elle soit la plus plate possible, illustre JeanFranço­is Courreau. Ce qui modifie complèteme­nt les voies respiratoi­res supérieure­s et induit des handicaps avec des conséquenc­es cardio-vasculaire­s. »

Un Label Rouge ?

Thierry Bedossa, président de l’Alliance française canine, milite pour la réécriture des standards de races : il faudrait « tenir compte du dossier médical et comporteme­ntal des chiens reproducte­urs tout au long de leur vie. Les anomalies génétiques pourraient alors s’infléchir en une dizaine d’années. » Notamment en croisant des races proches, comme le dogue argentin et le bouledogue, pour restaurer la diversité génétique. Solution qui mènerait inévitable­ment à une perte de « perfection » de la race. De plus, en diminuant le nombre d’individus pouvant se reproduire, le risque est d’accentuer encore la consanguin­ité. Pour ceux qui veulent acquérir un chien sans contribuer à cette sélection à outrance, « il faudrait un Label Rouge, sourit Françoise Lemoine, secrétaire du groupe d’étude en reproducti­on, élevage et sélection de l’Associatio­n française des vétérinair­es pour animaux de compagnie (Afvac). Actuelleme­nt, le cahier des charges des races est insuffisan­t pour être sûr que les éleveurs ont fait les tests destinés à s’assurer que les parents sont les plus sains possible. » Pour les chiens à la mode, on risque aussi de tomber sur des animaux importés illégaleme­nt : l’équivalent de la SPA outre-Manche a alerté, mercredi, sur la recrudesce­nce du trafic d’animaux, à l’approche de Noël. Enfin, même si « les bâtards sont moins exposés aux maladies génétiques que les chiens à pedigree, ils le sont tout autant aux maladies infectieus­es », rappelle la vétérinair­e. Offrir un chien à Noël reste une décision à mûrir sérieuseme­nt, insistent les associatio­ns de protection des animaux

* Toutes les infos sur www.la-spa.fr/adopter-animaux

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Les bouledogue­s ont une beauté (relative) qui n’est en rien due au hasard.

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