Le film «Zoologie» voit son audace récompensée
Au Festival des Arcs, le prix de « 20 Minutes » revient au film russe « Zoologie »
Le vendredi au Festival de cinéma européen des Arcs, c’est un peu comme le vendredi des écoles de ski, l’heure du bilan et des récompenses. On n’y décerne pas de chamois, mais des trophées tout aussi affriolants. Parmi eux, le prix 20 Minutes d’audace, qui scelle le partenariat récemment conclu avec le festival. Son but : récompenser le plus audacieux des dix films inscrits en compétition. Notre jury de six journalistes appartenant aux différents services de la rédaction a décerné son prix à… (roulements de tambours) Zoologie d’Ivan Tverdovsky. Il s’agit d’un drame mi-réaliste, mifantastique, sorte de croisement monstrueux entre Tchekhov et Cronenberg, où une femme affublée d’une queue dans le bas du dos se retrouve à ne savoir qu’en faire. Ce film, qui a surpris le jury de 20 Minutes par son alternance de scènes cocasses, touchantes et tragiques, correspond parfaitement à l’idée que l’on peut se faire de l’audace : une « hardiesse qui ne connaît ni obstacle, ni limite », selon le Larousse.
Gloire à la différence
Au-delà de sa singularité, cette fable cruelle, mâtinée d’humour et de fantaisie, traite de la différence et de l’acceptation, ou non, des singularités de chacun. Un thème pour le moins universel, non dépourvu, dans le contexte de la Russie d’aujourd’hui, de résonances politiques. Trois autres films auraient pu prétendre à cette récompense et sont souvent revenus dans la discussion au cours de nos délibérations, mais ont été primés dans d’autres sélections. Glory de Petar Valchanov et Kristina Grozeva, fable sociale gréco-bulgare sur le cynisme de classe dans nos sociétés modernes, remarqué pour sa séquence hallucinante où un cheminot accueilli en héros au ministère des Transports se retrouve délesté de sa montre, son bien le plus précieux, et de son pantalon, a remporté la Flèche de Cristal et le prix de la Presse. Clair-obscur de Yesim Ustaoglu, ode féministe turque dotée d’une séquence très forte où une psychiatre invite une jeune veuve à raconter, avec les objets présents dans son cabinet, comment elle s’est retrouvée mariée de force, a reçu une mention spéciale du jury de la presse pour ses deux actrices et sa réalisatrice. Home de la Belge Fien Troch, remarqué pour sa scène incestueuse aussi brève que crue, a reçu le Grand Prix du jury.