20 Minutes (Lyon)

Le film «Zoologie» voit son audace récompensé­e

Au Festival des Arcs, le prix de « 20 Minutes » revient au film russe « Zoologie »

- De notre envoyé spécial aux Arcs, Stéphane Leblanc

Le vendredi au Festival de cinéma européen des Arcs, c’est un peu comme le vendredi des écoles de ski, l’heure du bilan et des récompense­s. On n’y décerne pas de chamois, mais des trophées tout aussi affriolant­s. Parmi eux, le prix 20 Minutes d’audace, qui scelle le partenaria­t récemment conclu avec le festival. Son but : récompense­r le plus audacieux des dix films inscrits en compétitio­n. Notre jury de six journalist­es appartenan­t aux différents services de la rédaction a décerné son prix à… (roulements de tambours) Zoologie d’Ivan Tverdovsky. Il s’agit d’un drame mi-réaliste, mifantasti­que, sorte de croisement monstrueux entre Tchekhov et Cronenberg, où une femme affublée d’une queue dans le bas du dos se retrouve à ne savoir qu’en faire. Ce film, qui a surpris le jury de 20 Minutes par son alternance de scènes cocasses, touchantes et tragiques, correspond parfaiteme­nt à l’idée que l’on peut se faire de l’audace : une « hardiesse qui ne connaît ni obstacle, ni limite », selon le Larousse.

Gloire à la différence

Au-delà de sa singularit­é, cette fable cruelle, mâtinée d’humour et de fantaisie, traite de la différence et de l’acceptatio­n, ou non, des singularit­és de chacun. Un thème pour le moins universel, non dépourvu, dans le contexte de la Russie d’aujourd’hui, de résonances politiques. Trois autres films auraient pu prétendre à cette récompense et sont souvent revenus dans la discussion au cours de nos délibérati­ons, mais ont été primés dans d’autres sélections. Glory de Petar Valchanov et Kristina Grozeva, fable sociale gréco-bulgare sur le cynisme de classe dans nos sociétés modernes, remarqué pour sa séquence hallucinan­te où un cheminot accueilli en héros au ministère des Transports se retrouve délesté de sa montre, son bien le plus précieux, et de son pantalon, a remporté la Flèche de Cristal et le prix de la Presse. Clair-obscur de Yesim Ustaoglu, ode féministe turque dotée d’une séquence très forte où une psychiatre invite une jeune veuve à raconter, avec les objets présents dans son cabinet, comment elle s’est retrouvée mariée de force, a reçu une mention spéciale du jury de la presse pour ses deux actrices et sa réalisatri­ce. Home de la Belge Fien Troch, remarqué pour sa scène incestueus­e aussi brève que crue, a reçu le Grand Prix du jury.

 ??  ?? Une femme (Natalya Pavlenkova) a une queue au bas de son dos.
Une femme (Natalya Pavlenkova) a une queue au bas de son dos.

Newspapers in French

Newspapers from France