Le gymnase des plus démunis
Près de 70 % des personnes accueillies dans les dispositifs d’urgence sont des familles
Les températures négatives devraient s’accentuer d’ici à ce week-end. Le froid s’est installé depuis quelques jours sur le Rhône, poussant les services de l’Etat à ouvrir 200 nouvelles places en centre d’hébergement d’urgence et à réquisitionner le gymnase Chanfray, situé dans le quartier de la Confluence, pour dix jours afin que les personnes sans-abri dorment au chaud.
Des migrants des Balkans
« On peut accueillir jusqu’à 140 personnes », détaille Xavier Inglebert, préfet délégué à l’égalité des chances. Repérées par le 115, 68 personnes ont été emmenées au gymnase mardi soir. « Des familles, beaucoup d’enfants dont un bébé de 4 mois », selon les représentants de la Croix-Rouge qui géraient les lieux avant de passer le relais mercredi à l’Armée du salut. Et des hommes isolés. Mais les « fracassés de la vie » ne sont aujourd’hui plus la majorité des personnes accueillies dans les centres d’hébergement d’urgence. « La configuration a changé. On voit une porosité entre le dispositif d’hébergement d’urgence hivernal et les dispositifs d’asile. Aujourd’hui, 70 % des personnes prises en charge sont des gens déboutés du droit d’asile, qui ont vu leur appel rejeté », observe Xavier Inglebert. Principalement des familles venues des Balkans, qui ont « vocation à retourner chez elles mais qui ne le font pas », poursuit le préfet. Certaines d’entre elles, accueillies au gymnase, s’étaient installées au parc Jugan. D’autres avaient érigé des camps de fortune sous les tunnels de Perrache ou le long du quai Sédallian. « Plusieurs familles sont déjà connues des associations et des collectifs mais d’autres, non. Car elles ne restent pas sur les mêmes lieux, elles sont en perpétuel mouvement », ajoute Xavier Inglebert pour qui l’ouverture du gymnase servira de « sas ». « Ce dispositif va permettre à la ville d’identifier ces nouvelles personnes dans le besoin et de les aider aux mieux. Elles pourront ensuite être orientées vers d’autres dispositifs, comme les centres d’accueil de demandeurs d’asile ».