Sur « Blablamix », le micro est ouvert aux réfugiés
« Blablamix », diffusée le dimanche, est animée par des réfugiés et des demandeurs d’asile
Chaque dimanche midi, ils prennent les commandes de la radio pour parler de leur vie, des leurs envies, de leurs rêves, de leurs souvenirs. « Ils » s’appellent Rishad, Dipù, Loura, Aïda, Sean, Maria, Sumon, Ousman. Ils viennent d’Iran, d’Afghanistan, de Guinée, de Syrie ou du Bangladesh.
Pas de débat politique
Certains viennent d’obtenir leur statut de réfugiés. D’autres sont demandeurs d’asile et ne savent pas s’ils seront autorisés à rester en France. Ils ont entre 15 et 24 ans. Chaque dimanche, ils se relaient pour participer à l’émission Blablamix, diffusée sur les ondes de Radio Canut et produite par Véronique Macary. « L’idée vient d’eux », explique-t-elle. Et d’une rencontre cet été à la montagne. Sollicitée par une amie, la documentariste a accueilli un groupe de jeunes demandeurs d’asile, dans la maison de vacances familiale. « Au cours d’une discussion, ils ont expliqué qu’ils avaient envie de faire une émission radio pour parler de leur pays. Ils souhaitaient être présentés autrement que comme des demandeurs d’asiles. Ils voulaient montrer qu’ils étaient des humains avant d’être des réfugiés », précise la productrice. Dipù, 22 ans, né au Bangladesh, a posé ses valises à Lyon, il y a quelques mois. Avant, il ne savait même pas que la France existait. « A l’antenne, je ne parle pas de ce qui m’a poussé à quitter mon pays, car c’est très personnel et douloureux, explique-t-il avec pudeur. Je préfère parler d’autres choses. » Pas question de réaliser un débat politique. Le but de l’émission est ailleurs. « Ils viennent partager leur musique, leurs goûts, leur insouciance. Certains évoquent parfois de ce qui leur est arrivé, mais c’est rare. A la place, ils décrivent leur pays avant, en temps de paix, leurs loisirs, ce qu’ils aimaient faire », ajoute Véronique Macary qui anime les échanges. « Je ne connaissais pas la culture française. Maintenant, je la découvre et je l’apprécie. J’ai aussi envie de faire partager la mienne », précise Dipù qui rêve désormais de faire de la radio, son métier.