Assange a un bureau à Paris
Les lanceurs d’alerte sont en vedette à la Gaîté lyrique
Depuis 2012, Julian Assange vit reclus dans l’ambassade de l’Equateur à Londres. Mais c’est à Paris (3e), à la Gaîté lyrique, que nous visitons son bureau. Plusieurs ordinateurs, une dizaine de téléphones portables, L’Art de la guerre de Sun Tzu, un masque des Anonymous, des tasses de thé vides, des dizaines de classeurs – d’« Intelligence Iraq » à « Banking Blockade » –, ou encore un tapis de course. Ce décor, les artistes du collectif !Mediengruppe Bitnik l’ont mémorisé en détail, en 2013, lors d’une visite au fondateur de Wikileaks. L’ambition : nous faire sentir au plus près « la contradiction entre les murs de l’ambassade sous très haute surveillance, et ces 20 m2 où Wikileaks continue, à travers les murs, d’être extrêmement actif », explique Marie Lechner, directrice de l’exposition « Lanceurs d’alerte ». Ouverte au public ce jeudi, elle réunit des regards d’artistes sur la figure des lanceurs d’alerte, « sans les héroïser ». Aujourd’hui, la renommée de Wikileaks a pâli auprès des hackers en même temps que celle de son fondateur, qui doit se défendre d’avoir aidé Donald Trump à remporter l’élection présidentielle américaine. Il reste pourtant une figure emblématique des lanceurs d’alerte, aux côtés de Chelsea Manning, condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis à Wikileaks plus de 700 000 documents de l’armée américaine, et Edward Snowden, l’ancien employé de la CIA et de la NSA en exil en Russie. Les tweets de la première peuvent être lus sur le « Chelsea’s Wall », un autre dispositif du !Mediengruppe Bitnik, tandis que le second a inspiré au collectif Peng! la plus intimidante des installations de l’expo : « Call-a-Spy ».
Un espion au bout du fil
Pour « rétablir l’équilibre de pouvoir entre les surveillés et les surveillants », deux combinés sont à notre disposition pour (tenter de) parler aux services secrets américains, allemands, français ou canadiens. « Ce n’est pas un canular. Ils vous répondront, prometon à la Gaîté lyrique. Sans aucun risque d’être identifié, puisque le réseau masque la source de l’appel. » On s’est armé de courage, on a décroché, mais toutes les lignes sonnaient occupé…
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