Soyons fous, Larcenet est favori
Le festival d’Angoulême a dévoilé les finalistes du Grand Prix, et le Français a toutes ses chances
Al’approche de l’ouverture de sa 44e édition, le festival d’Angoulême (du 26 au 29 janvier) vient d’annoncer les noms des trois finalistes du Grand Prix 2017. A l’issue du vote de près de 2 000 auteurs de BD, dont les oeuvres sont traduites en français et diffusées dans l’espace francophone, l’Américain Chris Ware, le Suisse Cosey et le Français Manu Larcenet ont recueilli le plus de suffrages. 20 Minutes invoque quatre raisons qui font du Français le grand favori.
L’artiste de la famille. Après avoir longtemps dessiné du « gros nez », rigolo ou pas (Le Combat ordinaire, Prix du meilleur album 2004), Larcenet a spectaculairement laissé évoluer son trait vers un réalisme s’appuyant sur une vraie science de la lumière. Avec « Blast », puis « Le Rapport de Brodeck » (adapté du roman de Philippe Claudel), le quadra révèle l’artiste exigeant et complet qu’il a toujours été.
Un Américain de trop. Ces cinq dernières années, le Grand Prix a été attribué deux fois à un auteur américain (Art Spiegelman en 2011 et Bill Watterson en 2014). Qu’un autre soit nommé si peu de temps après semble, au moins statistiquement, fort improbable… Régulièrement désigné par ses pairs comme un lauréat légitime, l’auteur de Jimmy Corrigan (Prix du meilleur album 2003) devra certainement encore patienter quelques années.
La tête la première. Les présidences (tout Grand Prix supervise l’édition suivante) les plus marquantes de ces dernières années ont été celle de Zep (Grand Prix 2004) et celle de Lewis Trondheim (Grand Prix 2006). Du premier subsistent, par exemple, les très populaires concerts de dessin ; du second le Fauve, mascotte du festival, et le souvenir d’événements éphémères et rigolos, telle la création d’un Prix du meilleur dessinateur du « Chat du rabbin » de l’année, évidemment attribué à Joann Sfar. Réputé très discret, Cosey n’est pas du genre à révolutionner le festival, Chris Ware non plus – du fait de la distance –, alors que personne n’imagine une présidence fade sous l’éventuel règne du « très entier » Manu Larcenet.
Le sage reste dans son ghetto. Alan Moore, l’auteur britannique de « V pour Vendetta », « Watchmen » et « From Hell », fait, depuis plusieurs années, partie des grands favoris à l’élection du Grand Prix. Sauf que Moore ne veut plus être distingué. C’est un peu triste, mais ça dégage quand même pas mal l’horizon de Larcenet.