Comment convaincre les automobilistes de laisser leur véhicule à la maison ?
Malgré les restrictions de circulation, les automobilistes ne lâchent pas le volant
Avec le nouveau pic de pollution aux particules fines qui touche le pays, les interdictions de circulation aux véhicules les plus polluants sont reconduites, ce mercredi, à Paris, Lyon et Grenoble. Des mesures censées améliorer la qualité de l’air, mais qui passent toujours mal auprès des automobilistes. « La voiture, c’est un peu un rapport de “je t’aime, moi non plus”, estime Nicolas Louvet, directeur de 6t, un bureau de recherche spécialisée dans les questions de mobilité individuelle et collective. On sait que c’est mauvais pour l’environnement et, en même temps, y toucher revient pour beaucoup de monde à toucher à leur liberté. Et les gens ne sont pas habitués à ce que l’on restreigne cette liberté-là. » L’expert plaide pour une meilleure information des automobilistes sur d’autres solutions de transport (parkings relais, autopartage, etc). Or, s’il y a « des villes où des efforts sur les infrastructures sont nécessaires, on ne peut pas non plus tout miser sur l’offre », estime l’expert. A ses yeux, « il faut contraindre les automobilistes, parisiens notamment, à abandonner leur voiture. S’il y a toujours autant de voitures dans la ville, c’est qu’il est encore trop facile aujourd’hui de conserver son véhicule. » Ses pistes : « Une contravention de stationnement passée à 50 € et une hausse du prix du stationnement pour les résidents parisiens » avec, en ligne de mire, les voitures ventouses.
Punition ou incitation ?
A ces mots, Pierre Chasseray, directeur général de 40 Millions d’automobilistes, voit rouge. « On sait que les voitures polluent, mais ce n’est pas pour autant que l’automobiliste qui ne roule pas sur l’or et qui a légalement acheté sa voiture pour aller travailler comprendra qu’on lui interdise de s’en servir et qu’on le matraque à coups de contraventions et de tarifs prohibitifs. » « Dès lors que l’on vous impose quelque chose, c’est perçu comme personnellement injuste, pense Nicolas Louvet. Pour le plus grand nombre, la pollution est une problématique majeure, certes, mais un enjeu global difficile à ramener à soi. Beaucoup trouveront qu’il est plus difficile d’abandonner la voiture pour aller travailler que de tousser le soir parce qu’on a respiré un air pollué. » Du côté de l’association d’automobilistes, on plaide tolérance et séduction. « Il faudrait développer les parkings relais gratuits et surveillés, comme à Lille. Plutôt que des mesures punitives, on obtiendrait un plus large consensus chez les automobilistes si on adoptait une logique incitative qui les convaincrait de moins utiliser leur voiture. »