20 Minutes (Lyon)

Un népotisme fréquent, et légal

Le candidat LR François Fillon n’est pas le seul à avoir fait travailler sa famille

- Olivier Philippe-Viela

Fillon dans la tourmente. Le candidat Les Républicai­ns à l’élection présidenti­elle est accusé, dans l’édition de mercredi du Canard enchaîné, d’avoir offert à son épouse, Penelope, un emploi fictif en tant que collaborat­rice à l’Assemblée nationale. D’abord dans la Sarthe entre 1998 et 2002, quand François Fillon en était député, puis au côté de son suppléant Marc Joulaud, de juillet 2002 à août 2007, et, enfin, pendant six mois, quand l’ex-Premier ministre a été élu à Paris. Le tout pour une rémunérati­on totale d’environ 500 000 € brut.

« Eviter cette situation »

Alors que ce soupçon d’emploi fictif doit être tranché par la justice (le parquet national financier a ouvert, mercredi, une enquête préliminai­re), le cas de Penelope Fillon interroge sur l’habitude qu’ont prise beaucoup de parlementa­ires d’embaucher un membre de leur famille. Transparen­cy Internatio­nal, associatio­n de lutte contre la corruption, est vigilante sur la question. Elsa Foucraut, responsabl­e plaidoyer de l’ONG et ancienne assistante parlementa­ire PS, détaille l’unique méthode de contrôle disponible : « Au moins 14 % des députés, un sur six, emploient un membre de leur famille. Ce chiffre est probableme­nt en dessous de la réalité, car les seules informatio­ns dont nous disposons pour faire le rapprochem­ent sont les noms de famille. Mais, si le nom de famille n’est pas le même, on peut ne rien voir. Il n’y a rien d’illégal en l’état actuel du droit, mais on recommande d’éviter cette situation, parce qu’un soupçon d’emploi fictif est constituti­f d’un délit. » Depuis l’affaire Cahuzac et la mise en place de la Haute Autorité pour la transparen­ce de la vie publique, les parlementa­ires sont obligés de signaler l’embauche d’un collaborat­eur. En 2017, « 131 députés rémunèrent un membre de leur famille », selon Elsa Foucraut. La pratique se vérifie aussi au Sénat. « 35 % », c’est le chiffre qui revient le plus souvent dans les discussion­s à la Chambre haute, explique la collaborat­rice d’un sénateur LR. « Je pense que les proportion­s sont les mêmes à gauche comme à droite, mais la jeune génération, bien qu’elle ne soit pas majoritair­e au Parlement, tombe moins dans ces travers-là », précise-t-elle. Président de l’associatio­n de lutte contre la corruption Anticor, Jean-Christophe Picard cite l’exemple des députés européens et des maires français, qui ont interdicti­on d’embaucher un proche. « Si l’on considère qu’un maire ne peut pas recruter ses enfants, pourquoi un député pourrait-il le faire avec sa femme ? Mais il faut encore démontrer la réalité de l’emploi fictif, ce qui n’est pas évident. Le cadre juridique, aujourd’hui, est insuffisan­t. »

 ??  ?? Fillon est accusé d’avoir offert un emploi fictif à sa femme, Penelope.
Fillon est accusé d’avoir offert un emploi fictif à sa femme, Penelope.

Newspapers in French

Newspapers from France