20 Minutes (Lyon)

« J’ai peur que ma commune vote frontiste »

- Propos recueillis, à Marseille, par Clément Carpentier

Six mois après les heurts qui se sont produits sur l’une des plages de Sisco et qui ont déclenché la polémique sur le port du burkini, la petite commune de Haute-Corse fait de nouveau l’actualité, ce jeudi. Le tribunal administra­tif doit effectivem­ent rendre sa décision sur la légalité ou non de l’arrêté anti-burkini pris à l’époque par le maire, Ange-Pierre Vivoni (PS). Ce dernier revient pour 20 Minutes sur cet épisode qui a « secoué » son village.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant d’aller défendre votre arrêté anti-burkini devant la justice ?

Je suis déterminé. Si le tribunal me donne raison et suit le rapporteur public [qui a conclu, le 12 janvier, à la légalité de l’arrêté du 16 août], cette décision fera jurisprude­nce. Ce sera la victoire du droit contre l’hypocrisie de beaucoup dans cette affaire. Pour moi, ce serait une vraie satisfacti­on.

Comment avez-vous vécu cet épisode ultra médiatisé ?

Très, très mal ! Je peux vous dire que, lorsque le matin, à la mairie, vous lisez les lettres d’insultes, c’est très dur à vivre. J’en ai pleuré seul dans mon bureau. En tant qu’homme de gauche qui a milité toute sa vie contre toutes les formes d’exclusion, ce n’est vraiment pas facile. Je suis marqué au fer rouge par cette affaire.

Comment va votre commune aujourd’hui ?

Cette histoire nous a fait beaucoup de mal. Malgré ça, j’ai reçu énormément de soutien de la part des habitants. Je n’ai qu’une seule peur, aujourd’hui, c’est que ma commune vote frontiste pour la première fois de son histoire. Je suis juste un peu déçu que des personnes de confession musulmane, qui m’ont apporté personnell­ement leur soutien, n’aient pas pris position publiqueme­nt à ce moment-là.

Quelles sont les conséquenc­es de cette affaire pour Sisco ?

Nous sommes devenus une bête curieuse ! Des gens viennent me photograph­ier. On a même des cars de touristes qui s’arrêtent devant la crique où il y a eu des heurts au mois d’août. C’est assez triste.

Concernant votre arrêté anti-burkini, qu’allez-vous faire l’été prochain ?

Je prendrai un nouvel arrêté anti-burkini! Je ne veux pas que ça devienne un symbole de résistance. Ce vêtement, c’est de la provocatio­n. Et, surtout, je ne veux plus jamais revivre les affronteme­nts de l’été dernier. Ce n’est pas de la prévention, mais une forme de protection.

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Le maire a vécu et vit encore avec tristesse les événements d’août.

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