20 Minutes (Lyon)

On va Cosey du Grand Prix d’Angoulême

L’auteur suisse a été récompensé par ses confrères

- De notre envoyé spécial à Angoulême, Olivier Mimran

Le 44e Festival internatio­nal de la bande dessinée d’Angoulême s’ouvre ce jeudi, mais il a déjà son Grand Prix. Quelques jours après l’annonce d’une short list de trois finalistes (l’Américain Chris Ware, le Suisse Cosey et le Français Manu Larcenet) à l’élection qui récompense un auteur pour « l’ensemble de son oeuvre », c’est donc Cosey – de son vrai nom Bernard Cosendai – qui est plébiscité par les auteurs et dessinateu­rs pour succéder au Belge Hermann, Grand Prix 2016. Interrogé par 20 Minutes quelques minutes avant de monter sur scène pour recevoir son prix, l’auteur des séries « Jonathan », « A la recherche de Peter Pan », « Le Bouddha d’azur », etc., n’en revenait toujours pas : « Ça fait des années que des copains auteurs me disent : “Cette fois, ça va être toi”. J’y ai cru longtemps et puis ça n’arrivait pas, alors j’ai fini par ne plus y penser. Du coup, j’étais persuadé que je n’avais aucune chance cette année – surtout face à des pointures comme Ware et Larcenet – alors je ne me suis préparé à rien, j’ai continué à travailler dans mon coin. » Mais cette consécrati­on n’est pas non plus une surprise totale, tant Cosey fait l’unanimité auprès de ses pairs. Il faut dire que le Suisse a eu le temps de se bâtir une solide réputation, puisqu’il a commencé à dessiner en 1966, alors qu’il n’avait que 16 ans ! Qu’il reçoive le Grand Prix du festival d’Angoulême 50 ans après ses débuts – et plus de trente albums plus tard – n’est donc que justice. « Je suis heureux pour lui, ça récompense une oeuvre vraiment considérab­le et admirable, nous souffle Stéphane Beaujean, actuel directeur artistique du festival. Cosey est un artiste qui a une approche sensible du dessin, qui cherche toujours à capter le regard de son lecteur, mais sans étaler sa virtuosité, toujours par le biais du récit. C’est une démarche artistique rare, et qu’il domine totalement. C’est un bel et indiscutab­le Grand Prix. »

Un message spirituel et humaniste

Cosey, lui, commence à peine à savourer : « Ça redonne confiance, confie-t-il à 20 Minutes dans un franc sourire. Parce qu’en tant qu’auteur de bande dessinée, on est seul la plupart du temps. Du coup, on doute souvent de la qualité de son travail. Là, on me dit, de manière détournée, que j’avais tort de douter. » Douter de son travail ? Il était bien le seul, tant ses livres, qu’ils soient issus de ses séries phares ou qu’il s’agisse de one-shot, ont toujours conquis un large public, séduit par le message spirituel – voire mystique, écolo et humaniste – qu’ils véhiculent presque tous. Et lorsqu’on lui rappelle que Manu Larcenet – l’un de ses plus grands fans – sera peutêtre un peu déçu de sa propre éviction, mais fou de joie de voir son idole sacrée (il s’était même « retiré » de la liste des potentiels vainqueurs en 2013 pour « ne pas faire d’ombre à Cosey »), le Suisse, ému, sait déjà ce qu’il va lui dire : « Merci pour ton soutien, Manu, et patience, ce sera ton tour l’an prochain ! »

« J’étais persuadé que je n’avais aucune chance. »

Cosey

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