Jawad déchaîné au tribunal
Le logeur présumé de terroristes a été condamné pour trafic
«Fils de pute ! Tu crois que je suis un “terro” moi ! Je vais te niquer! » Jawad Bendaoud a fait son entrée, jeudi, dans le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), en accusant les policiers qui l’encadraient de lui avoir « mis des coups de matraque dans les parties ». Empâté et portant un catogan , le logeur présumé de deux des terroristes du 13-Novembre a été renvoyé au dépôt du tribunal dès le début du procès à l’issue duquel il a été condamné à huit mois de prison ferme pour « trafic de stupéfiants ». Xavier Nogueras, son avocat, ne sait pas ce qui s’est passé dans l’escalier menant à la salle d’audience, mais il assure qu’une heure avant son client était « calme » et qu’il voulait bien « être jugé ». Jawad est tout de même un client spécial depuis qu’il a donné une interview surréaliste à BFMTV alors que les policiers investissaient son appartement de Saint-Denis, le 18 novembre 2015. « Tout le monde rit de lui », déplore son conseil. A ses yeux, l’isolement total auquel il est soumis en prison explique qu’il « mette le feu à sa cellule et envoie des courriers qui, parfois, n’ont ni queue ni tête ». Mais le procureur l’a rappelé : « Nous ne sommes pas là pour discuter des conditions de détention de Bendaoud. » Interpellé pour avoir hébergé des terroristes, le trentenaire a fini par lâcher, au bout de six jours de garde à vue, qu’il consommait et trafiquait de la drogue. « C’était un argument pour dire “Je ne suis pas un terroriste” », plaide Xavier Nogueras. Mais les enquêteurs y ont vu des faits, d’autant que Mohamed Soumah, condamné à deux ans ferme lors du même procès, a indiqué lui avoir remis 25 g de cocaïne afin qu’il la « cuisine » en crack et la revende.
Nouvelles plaintes
Toute la procédure reposait donc sur des déclarations issues de la garde à vue. « Si vous le condamnez quand il dit “Je suis un trafiquant”, vous devez aussi le libérer quand il dit “Je ne suis pas un terroriste”», a plaidé Marie-Pompéi Cullin, l’autre avocate de Bendaoud. Son argument n’a pas convaincu, mais elle pourra encore l’utiliser. Son client fait désormais l’objet de nouvelles plaintes pour « menaces de mort », « apologie du terrorisme » et « outrages ».