20 Minutes (Lyon)

A la recherche de l’enfant disparue

- De notre envoyé spécial dans le Puy-de-Dôme, Vincent Vantighem

«Et merde ! Ce n’est qu’une pierre… » Une pelle à la main, Stéphanie souffle, autant de fatigue que de déception en observant le trou qui commence à s’étendre à ses pieds. Avec quatre amies, cette Bretonne de 42 ans a entrepris, samedi et dimanche, des fouilles en bordure de la forêt d’Aydat (Puy-de-Dôme), dans l’espoir de retrouver le corps de la petite Fiona, morte en mai 2013. « On espérait que Cécile Bourgeon révèle, enfin, lors de son procès en novembre, le lieu où elle a enterré sa fille. Mais elle n’en a rien fait. Donc, on creuse ! »

« Permettre au père de Fiona d’enterrer dignement sa fille. »

Laëtitia, gendarme

Pourtant, Stéphanie n’est pas policière. Habituelle­ment, elle s’occupe de personnes âgées près de Guingamp (Côtesd’Armor). Ses « copines », qu’elle a rencontrée­s pour la première fois samedi, viennent de Paris, de Toulouse et de Riom. Elles sont étudiante, cheffe d’entreprise et gendarme. Sans compter Christelle, la médium qui, pendule à la main, a validé la « thèse » du petit groupe. « On a passé des nuits entières au téléphone à éplucher le dossier, souligne Indira, 40 ans, dont l’écharpe est maculée de terre. Et puis, on s’est rendu compte que les enquêteurs ne cherchaien­t plus. Du coup, on a décidé de venir vérifier par nous-mêmes. » Ce ne sont pas les premières à le faire. En janvier, à 15 km de là, d’autres particulie­rs pensaient, eux aussi, avoir remonté la piste de la croix prétendume­nt laissée par Cécile Bourgeon sur la tombe de sa fille. Tous en débattent sur des groupes Facebook dont certains affichent plus de 2 000 membres au compteur. Aucun d’entre eux n’a jamais côtoyé Fiona. Mais, dans les commentair­es, ils l’appellent « ma p’tite puce » ou « ma princesse ». « Fiona est un peu devenue l’enfant de la France », assume Indira. Habitée par l’affaire, Laetitia, la gendarme, va même plus loin devant une pousse de sapin qui n’a pas survécu à leurs fouilles. « Si l’on peut permettre au père de Fiona d’enterrer dignement sa fille, j’en serais fière ! » Sauf que Nicolas Chafoulais n’a rien demandé. « On ne sait pas si Fiona a vraiment été enterrée, rappelle Charles Fribourg, son avocat. Or, à chaque initiative, il ne peut s’empêcher d’espérer obtenir enfin la vérité. C’est dur. » En décembre, il a ainsi foncé sur un lieu de fouilles d’où, finalement, n’ont été exhumés que des restes de poulet. François Bernard en a été avisé. Patron de la police judiciaire de Clermont-Ferrand, il reçoit régulièrem­ent des signalemen­ts. « On vérifie les hypothèses qui ne sont pas fantaisist­es. On archive les autres… Car, tant que le procès en appel de Cécile Bourgeon et de son ancien compagnon n’aura pas eu lieu, cela peut durer. » Déçues, Stéphanie et ses amies n’avaient, dimanche, pas l’intention de lâcher l’affaire. « On va continuer, c’est sûr, Fiona est quelque part par ici… »

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Originaire­s des quatre coins de la France, ces femmes ne se résignent pas à l’idée que Fiona reste introuvabl­e.

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