L’oeil dans le rétro
Périples en voitures anciennes, déjeuners dans une gare désaffectée, logements troglodytiques... La nostalgie devient une tendance forte des offres touristiques.
Bon, je dois bien l’avouer, je ne suis pas vraiment « hype » et j’ai même un côté assez « vieille France ». Je suis plus attirée par les vieilles pierres et les nappes à carreaux que par l’architecture contemporaine et le design d’intérieur moderne. Alors, quand j’ai entendu parler du tourisme vintage, j’ai tout de suite eu envie de l’expérimenter. Je suis donc partie en Anjou (Val-de-Loire), où j’ai d’abord rencontré le marquis et la marquise de Béthune qui, via leur agence Rétro émotion, concoctent des séjours dans des demeures d’époque (manoirs et châteaux) et proposent à leurs clients de prendre le volant d’une voiture ancienne. Une façon de « plonger dans la nostalgie. On a l’impression de revenir dans les années 1960, qui respiraient une certaine insouciance », commente Augustin de Béthune. A bord de sa Peugeot 203, qui date de 1958, je suis tout de suite saisie par l’odeur de naphtaline. J’ai l’impression de me retrouver dans la voiture de mes grands-parents quand j’avais 5 ans ! « Ça fait tout drôle qu’il n’y ait pas de ceinture à l’arrière », commente ma voisine. Le conducteur briefé sur le changement délicat de vitesse, nous nous élançons sagement sur les petites routes de campagne (titine ne dépasse pas les 70 km/h et rame dans les côtes). On se croirait dans un film de Gabin. A l’heure du déjeuner, nous nous attablons aux Terrasses de Bonnezeaux, un restaurant situé dans une gare désaffectée depuis 1955. Le train le Petit Anjou passait par là et reliait Angers à Poitiers. « Certains de nos clients ont d’ailleurs connu la gare et sont très attachés à ce lieu », m’expliquent Sophia et Luc Rossi, les restaurateurs dont la cuisine bistronomique se marie parfaitement avec le décor. Les vignobles d’Anjou-Saumur s’étendant à perte de vue dans la région, pas question de passer à côté de cet atout touristique. Pour découvrir le domaine Pied Flond des viticulteurs Catherine et Franck Gourdon, j’enfourche un cyclomoteur français des sixties pour une opération « wine et Solex ». Avec mon casque vissé sur la tête et mon gilet de sécurité, j’ai bien conscience d’être ridicule. Mais je risque de l’être encore plus si je me vautre dans les vignes à cause de cet engin au moteur tonitruant ! La balade me laisse toutefois une super impression de liberté, parachevée par une pause apéro, avec nappe à carreaux et verres Duralex pour s’accorder à l’ambiance rétro.
« Une plongée dans les années 1960, qui respiraient une certaine insouciance. » Le marquis Augustin de Béthune,
agence Rétro émotion
Nuit chez les troglodytes
Pour parfaire ce voyage dans le temps, je vais passer la nuit à l’hôtel Rocaminori, creusé au coeur d’un village troglodytique. Installée dans une chambre au coeur de la pierre de falun, qui reste toujours à 15 °C quelle que soit la saison, je suis propulsée dans un autre monde. Je ne capte pas le Wi-Fi et le calme qui règne est olympien. La légère odeur d’humidité n’est même pas gênante et je me réveille en regardant la roche. Une sensation très étrange... Ce périple vintage s’achève. Je ne sais plus trop si j’ai vécu une plongée dans les années 1950, 1960 ou 1970. Mais je suis sûre d’une chose : cette parenthèse passéiste m’a requinquée et je suis à nouveau prête à me réinsérer avec bonheur dans le XXIe siècle.