20 Minutes (Lyon)

« A la fin, on a les dirigeants qu’on mérite »

Le candidat du Parti socialiste insiste sur la maturité de son projet pour l’emporter

- Propos recueillis par Olivier Philippe-Viela

Plébiscité à l’issue de la primaire de la gauche en tant que candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon se présente pour la première fois à l’élection présidenti­elle. Le député des Yvelines, qui a passé la majeure partie de la campagne sous les radars, un statut inhabituel pour un candidat du PS, a répondu aux questions de 20 Minutes.

Vous avez assuré ne pas être l’homme providenti­el. Est-ce un handicap dans une élection comme la présidenti­elle ?

Je pense que la démocratie française souffre de cette forme de vice qui consiste à laisser croire qu’une personne, dans une relation charismati­que au peuple, pourrait tout emporter, tout balayer, qu’il suffirait de lui faire confiance pour qu’elle déplace des montagnes. C’est très immature, régressif, presque infantile de penser cela. Je lance un appel à la raison, sauf à vouloir se laisser voler l’élection. A la fin, on a les dirigeants que l’on mérite. Il faut que les citoyens se rappellent qu’ils sont souverains. C’est pourquoi j’essaie d’aller à la rencontre des Français et de ne pas m’en tenir à une série d’effets de foule.

Comment réussirez-vous à réorienter l’Europe ?

La société civile allemande est en train de s’apercevoir qu’elle ne peut plus continuer à s’enrichir en appauvriss­ant les autres pays, que le prix à payer est la dislocatio­n du projet européen. De mon côté, j’arrive avec des propositio­ns, qui ne consistent pas juste à marteler qu’on va réorienter les traités européens. Jean-Luc Mélenchon ne fait que dire qu’il le fera plus fortement que François Hollande en 2012. Je viens avec des projets de textes sur la démocratis­ation de la zone euro, l’énergie et l’Europe de la défense et ce, pas désarmé avec mon seul bâton de pèlerin.

Votre revenu universel d’existence a beaucoup bougé depuis sa première version. Est-il encore universel ?

J’ouvre son accès de 18 à 62 ans. Une aide-soignante qui a un Smic à mitemps percevra 400 € en plus de ses 600 € de salaire. Quelqu’un au Smic plein-temps passera de 1 150 à 1 350 €. Le système est dégressif jusqu’à 2 200 € net par mois. Le principe est que tout le monde – c’est donc bien universel – ait droit à un minimum de 600 € et n’aura jamais moins s’il n’a pas d’autre revenu. Je conserve mon triple objectif : éradiquer la pauvreté, revalorise­r le travail et prendre en compte les nouvelles formes de travail précaire. Ceux qui le critiquent sont les mêmes qui pensent que le monde va très bien tel qu’il est, c’est-à-dire les bien-portants.

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Benoît Hamon demande aux Français de ne pas « se faire voler l’élection ».

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