Gare aux mauvais tours
Avant le grand débat de la présidentielle (21 h), des personnalités politiques qui ont affronté Marine Le Pen ou Emmanuel Macron sur un plateau de télé donnent leurs recettes pour éviter les pièges.
Le débat d’entre-deux-tours, c’est ce soir. Comment Marine Le Pen et Emmanuel Macron se comporteront-ils ? Pour en savoir un peu plus,
20 Minutes a interrogé des personnalités ayant déjà débattu avec l’ex-présidente FN et le responsable d’En marche! Une Marine Le Pen « physique », « déstabilisée » par l’humour.
Yann Galut, député PS du Cher, a débattu face à Marine Le Pen dans « Des paroles et des actes », en avril 2014. « Je jouais en seconde division face à elle, soyons clairs, mais elle ne maîtrisait pas ses dossiers sur le fond. C’est quelqu’un de très physique, comme dans un combat de boxe, elle avance sur vous, elle ne vous lâche pas du regard. Face à quelqu’un qui vous agresse, il faut opposer le calme. Il faut aussi l’amener à du concret, car elle n’est jamais précise. » A éviter : « Elle est très bonne sur la forme. Il ne faut pas que ce soit elle qui dirige le débat, qui impose les thématiques, le rythme. »
Alain Lamassoure, député européen LR et ancien ministre, était lui aussi du débat d’avril 2014. « Marine Le Pen n’est pas un très bon débatteur. Elle n’aime pas être attaquée sur des angles inattendus. Elle n’est pas à l’aise avec ses dossiers, sur l’économie notamment. Mais, ce qui la déstabilise totalement, c’est l’humour. Cela permet de sortir du match de boxe qu’elle tente d’imposer. » A éviter : « Je laisserais tomber l’aspect moralisateur sur le code génétique du FN car, là-dessus, son argumentaire est rodé. » Emmanuel Macron, « roi du vide », mais « diable de la com’ ».
Florian Philippot, vice-président du FN, a débattu avec Emmanuel Macron dans « Des Paroles et des actes », en mars 2015. « Ce qui m’avait surpris, c’est qu’il s’était très vite agacé face à la contradiction. J’avais aussi repéré sa qualité rhétorique, qui consiste à faire de belles phrases qui sonnent agréablement à l’oreille, mais qui n’ont aucun sens. » A éviter : Se laisser prendre dans son « tunnel de phrases de deux minutes, sans rien de concret. » Sayah Baaroun, secrétaire général SCP VTC, proche de La France insoumise, a débattu avec Emmanuel Macron lors de « L’Emission politique », en mars. « Je l’avais attaqué en tapant, à gauche, à droite, en interpellant et en aguichant un peu le public aussi. Il faut l’attaquer sur des trucs où il ne s’attend pas du tout. » A éviter : « Il ne faut pas sousestimer ses connaissances. Il s’y connaît, et dans beaucoup de domaines. Il ne faut pas rester dans les sentiers battus de la communication. »