20 Minutes (Lyon)

La façade à droite se lézarde

Une frange LR souhaite une ligne plus claire pour le vote du second tour

- Thibaut Le Gal

«Emmanuel Macron a gagné la bataille de l’ambiguïté, nous gagnerons la bataille de la clarté. » François Baroin a lancé la campagne des législativ­es, dont il sera le chef de file, mercredi matin sur RTL. Après le retrait de François Fillon, la droite appelle à l’unité derrière le sénateur-maire LR de Troyes (Aube) pour le scrutin des 11 et 18 juin. Mais, en réalité, le parti reste divisé. François Fillon l’a annoncé sans rechigner le soir de sa défaite : « Il n’y a pas d’autre choix que de voter contre l’extrême droite. Je voterai pour Emmanuel Macron. » Le lendemain, le bureau politique donnait la ligne officielle du parti : « Voter contre Marine Le Pen pour la faire battre au second tour de la présidenti­elle. » Un message de compromis… Or, le débat est loin d’être tranché. Une frange des Républicai­ns, dans le sillage de Nathalie KosciuskoM­orizet, souhaite une ligne plus ferme, qui exclut également le vote blanc et l’abstention. « Il faut appeler explicitem­ent à voter Macron, confirme Fabienne Keller, sénatrice juppéiste et secrétaire nationale LR. Le parti ne peut pas être dans une position tiède comme celle de Jean-Luc Mélenchon, car il n’est toujours pas exclu que le FN l’emporte dimanche. » Une position rejetée par l’aile droite, le député Laurent Wauquiez en tête.

La tentation Macron

Pour ce qui est des législativ­es, la ligne de conduite semble claire. Le tout nouveau comité de pilotage des élections s’est réuni mercredi. Sous la houlette d’Eric Woerth, un toilettage du programme Fillon est prévu : fini la hausse de la TVA et retour de la défiscalis­ation des heures supp’, entre autres. La droite espère encore emporter la majorité et imposer une cohabitati­on au prochain président. Mais certains envisagera­ient déjà de gouverner avec Macron. « Il faut se préparer à être dans une opposition constructi­ve et ne pas exclure que, le moment venu, il y ait des démarches communes sur des sujets bien définis : la baisse des charges, la libéralisa­tion du droit du travail… », reconnaît Fabienne Keller. Il y a aussi ces rumeurs qui poussent Christian Estrosi, Xavier Bertrand ou Bruno Le Maire vers un rapprochem­ent avec Macron avant même les législativ­es. La droite est-elle menacée par les défections ? François Baroin a tranché, mercredi : « Tous ceux qui se rapprochen­t du FN seront exclus, pour la présidenti­elle et pour les législativ­es. » Et d’ajouter : « Même tarif pour ceux qui se rapprochen­t de Macron avant les législativ­es. » Reste à savoir si la menace sera suffisante face à la promesse d’un éventuel portefeuil­le.

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Xavier Bertrand, Eric Ciotti et François Baroin, le 21 avril.

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