20 Minutes (Lyon)

La Wagabox réduit les déchets en gaz naturel

L’usine purifie le gaz des ordures et le réinjecte dans le réseau

- De notre envoyé spécial à Saint-Florentin (Yonne), Fabrice Pouliquen

Un dédale de cuves, de tuyaux et de boutons en tout genre… La Wagabox occupe près de 200 m² de l’installati­on de stockage de déchets de Saint-Florentin, dans l’Yonne. Vendredi, des Canadiens sont venus visiter cette usine. Des Anglais les ont devancés et un Américain est attendu d’ici peu. « Nous avons beaucoup de sollicitat­ions », confie Mathieu Lefebvre, cofondateu­r et président de Waga Energy, start-up grenoblois­e fondée par des anciens d’Air Liquide et à qui l’on doit cette machine complexe. Si l’on vient voir de loin la Wagabox, c’est qu’elle apporte une solution à un problème épineux et mondial : la valorisati­on du biogaz issu de la fermentati­on des restes alimentair­es et autres déchets non recyclable­s enfouis sous terre. En manque d’oxygène, cette matière organique se décompose naturellem­ent et libère du méthane, un puissant gaz à effet de serre.

Economie circulaire

Les 238 centres d’enfouissem­ent français ne laissent pas échapper ce biogaz dans l’atmosphère. « Ils ont pour obligation de le capter, rappelle Olivier Theobald, ingénieur de l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie. Certains de ces centres vont jusqu’ à produire de l’électricit­é à partir du biogaz récupéré. » Mais les rendements sont faibles et, « dans 50 % des cas, le gaz récupéré est juste brûlé dans des torchères, note Mathieu Lefebvre. On évite, certes, une pollution trop importante, mais on gaspille aussi une quantité importante d’énergie. » La Wagabox apporte, elle, une alternativ­e prometteus­e. Elle extrait de ce biogaz capté sous terre du biométhane pur à 98 %, un pourcentag­e qui lui permet d’être injecté directemen­t dans le réseau de gaz naturel… Ce réseau irradie ensuite les foyers où le gaz servira principale­ment à se chauffer ou à cuisiner. Pour y parvenir, la Wagabox combine deux procédés. La première est la filtration par membranes, qui permet de séparer le CO2 et le méthane. Problème, « le gaz capté dans les centres d’enfouissem­ent est plus complexe à traiter, car saturé de dioxide de carbone, d’azote, d’oxygène et d’impuretés », relève Mathieu Lefebvre. C’est là qu’intervient le second procédé : la distillati­on cryogéniqu­e, qui permet de séparer le méthane de l’azote et de l’oxygène. Le premier prend la direction du réseau de gaz naturel de GRDF, les deux autres sont rejetés dans l’air. Et ça marche. Depuis le 14 février, la Wagabox injecte du biométhane directemen­t dans le réseau GRDF et prévoit de fournir 20 GWh de gaz par an, soit la consommati­on annuelle de 3 000 foyers ou d’une centaine de bus. « C’est de l’économie circulaire et locale, résume le président de Waga Energy. Nous remettons dans le circuit l’énergie que nous avons récupérée dans le déchet. » Deux autres Wagabox doivent entrer en service prochainem­ent (dans l’Oise et le Gers). Mais Waga Energy regarde aussi à l’internatio­nal et espère installer une centaine de Wagabox dans le monde d’ici à 2025.

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L’usine de Saint-Florentin va faire des petits, dans l’Oise puis dans le Gers.

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