20 Minutes (Lyon)

« The Handmaid’s Tale » angoisse l’Amérique

« The Handmaid’s Tale » résonne comme une mise en garde

- De notre correspond­ant à Los Angeles, Philippe Berry

«J’étais endormie. On n’a pas levé les yeux de nos téléphones jusqu’à ce qu’il soit trop tard. » C’est le moment pivot du premier épisode de « The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate », l’épatante série du service de streaming américain Hulu, qui débarque sur OCS Max ce mardi. Elisabeth Moss (« Mad Men », « Top of the Lake ») explique comment personne n’a vu venir le coup de force des Fils

L’Amérique est, dans la série, une dictature théocratiq­ue, où les femmes ne sont là que pour procréer.

de Jacob, qui a renversé le gouverneme­nt américain pour instaurer une dictature théocratiq­ue dans laquelle les dernières femmes fertiles sont réduites au rôle de pondeuse. Dans l’Amérique de Donald Trump, la vision du livre de Margaret Atwood, publié en 1985, résonne plus que jamais comme une mise en garde. Donald Trump ne semblait pourtant pas avoir de grandes chances de gagner quand le projet a commencé il y a dix-huit mois. « Par certains côtés, c’est une heureuse coïncidenc­e », estime Warren Littlefiel­d, qui a supervisé la création des plus grands succès de la chaîne NBC dans les années 1990 (« Seinfeld », « Friends », « Urgences », « The West Wing »). Le producteur exécutif de « Fargo » et donc de « The Handsmaid’s Tale », se reprend aussitôt : « ‘’Heureux’’ n’est pas le bon mot, je préférerai­s que nous ne soyons pas aussi pertinents. » Le producteur cite la montée actuelle de l’Alt-right, une mouvance qui revendique haut et fort sa xénophobie et son sexisme, illustrés par la campagne de harcèlemen­t contre l’actrice afro-américaine Leslie Jones. Les républicai­ns, eux, ont déclaré la guerre au Planning familial et rêvent que la Cour suprême revienne sur le droit à l’avortement. Et l’Amérique a élu un président qui s’est vanté de pouvoir « les attraper par la chatte » en toute impunité. « Comme le dit Margaret [Atwood], c’est quand on croit qu’on a enfin gravi la montagne de l’égalité que le retour de bâton est le plus fort », conclut Littlefiel­d. « The Handmaid’s Tale » pourrait n’être qu’un divertisse­ment de qualité, mais les courts flash-back sur la vie d’avant tellement normale du personnage principal ancrent un peu plus la série dans la réalité. Il y a cependant une différence majeure entre nos deux mondes : plus d’un million d’Américaine­s ont marché contre l’investitur­e de Donald Trump et prouvé qu’elles sont loin d’être endormies.

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Elisabeth Moss incarne le personnage principal de cette fiction féministe.

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