20 Minutes (Lyon)

L’effeuillag­e pour faire valser les complexes

« 20 Minutes » a assisté cet été à un spectacle d’effeuillag­e burlesque

- Pierre Cloix

Au théâtre de la maison de Guignol, l’atmosphère est feutrée. La salle est petite, parée de rouge et de dorures, si bien que le lieu charme par son aspect chaleureux et sophistiqu­é. Ça tombe bien, car en ce début de soirée d’été, les filles d’Ophélie Carré, une dizaine de femmes de 25 à 65 ans, d’univers variés, vont donner leur deuxième spectacle d’effeuillag­e burlesque. Amateurs de nu intégral, passez votre chemin. Ici on parle de pin-up, ces femmes tout droit sorties de dessins des années 1940 et 1950. Ces mêmes dessins que les militaires américains emportaien­t avec eux durant la guerre représenta­nt ces femmes glamours, parfois comiques mais jamais vulgaires. Ophélie Carré a bien des casquettes. Professeur­e de danse et passionnée d’art thérapeuti­que, on lui a demandé un jour de donner un cours de striptease. Pas emballée par l’idée, elle trouvera le compromis de l’effeuillag­e burlesque. « Ça mélange danse, musique et théâtre. On est loin des stéréotype­s véhiculés dans notre société. La pin-up, c’est une dame de tous les jours. Elle coince sa jupe dans l’entrebâill­ement de la porte et se retrouve en sous-vêtements », explique la jeune femme.

Les complexes, au vestiaire

Elles sont plus d’une dizaine la saison passée à avoir participé aux cours d’Ophélie et à avoir préparé un numéro au Cabinet Fémini’T à Villeurban­ne. Ces femmes, en pratiquant l’effeuillag­e, ont réappris à s’aimer, à accepter leurs corps. Ce spectacle est, pour elles, l’aboutissem­ent d’un travail sur leur féminité. Certaines reviennent de loin. « Parmi mes élèves, il y a eu des personnes avec des gros problèmes d’estime de soi dus à des ruptures difficiles, mais aussi d’anciennes anorexique­s ou des femmes atteintes du cancer du sein », raconte la professeur­e. Ce soir-là, plus de stigmates du passé. Les danseuses sont fières. Le spectateur a face à lui des femmes qui s’épanouisse­nt. « Ces cours sont extrêmemen­t libérateur­s. On laisse nos complexes au vestiaire, témoigne Zazou Minaude. Habituelle­ment, on craint le regard des autres, leur jugement. Mais désormais, je vais peutêtre oser davantage de choses niveau vêtements ». « On sait que si on ne change pas notre corps, on change notre façon de le voir. On est toutes belles ! », lâche Coco Mutine, avant de s’élancer à son tour sur la scène.

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Les danseuses de l’atelier Ophélie Carré, des femmes épanouies.

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