20 Minutes (Lyon)

Des enseignant­s pas à court d’idées

De nombreux profs n’attendent pas leur ministère pour réformer l’école

- Delphine Bancaud

Le mammouth n’est pas totalement pris dans la glace. Chaque année, certains de ses membres, des enseignant­s, essaient de bouger en innovant dans leur manière de concevoir les cours. Ce mouvement de fond, le journalist­e Emmanuel Vaillant le décrit dans son ouvrage, Bonnes nouvelles de l’école (éd. JC Lattès), qui vient de paraître. « J’ai pu observer des dispositif­s de classes inversées, où les élèves sont invités à se familiaris­er au cours chez eux avec des vidéos, du contenu traditionn­el ou interactif avant d’approfondi­r ces notions en classe via des exercices, cite l’auteur. Autre exemple intéressan­t : les classes coopérativ­es dans lesquelles les élèves sont incités à travailler ensemble et à s’entraider. » François Taddei, chercheur et auteur d’un rapport sur l’innovation pédagogiqu­e remis à Najat Vallaud-Belkacem, l’ancienne ministre, en mars, évoque, lui, les Twictées, lancées par deux enseignant­s. « Une classe réalise une dictée en ligne en 140 caractères, le format de Twitter, et corrige celle d’une autre classe, sur le réseau social. »

Des élèves plus motivés

Les retombées de ces innovation­s, rarement évaluées par des chercheurs, semblent très positives, comme a pu l’observer Emmanuel Vaillant : « Ces pratiques pédagogiqu­es permettent à certains élèves d’améliorer leurs résultats, à d’autres seulement de mieux aimer l’école, mais c’est déjà beaucoup. » « Les élèves s’impliquent davantage. Et on sait que cela a un impact sur ceux au bord du décrochage », ajoute Yves Reuter, professeur en sciences de l’éducation à l’université Lille-III. Ces innovation­s, l’Education nationale dit les regarder avec bienveilla­nce. Mais selon Yves Reuter, « elle a une attitude contradict­oire vis-à-vis de ces profs : d’un côté elle déclare encourager l’innovation et de l’autre, les profs qui lancent des projets originaux sont rarement aidés et leurs innovation­s ne sont pas prises en compte lorsqu’ils sont évalués ». Peut-être la situation changera-t-elle avec le nouveau ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, qui veut « promouvoir la culture de l’innovation et de l’expériment­ation ». « Il faudrait que la formation continue des enseignant­s soit beaucoup plus développée pour qu’ils puissent bénéficier des apports de la recherche », souffle Yves Reuter. « Et que les inspecteur­s deviennent de vrais mentors pour les enseignant­s qui veulent faire bouger les lignes », ajoute François Taddei.

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L’utilisatio­n des nouvelles technologi­es peut séduire les écoliers.

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