Les virus des égouts se muent en tueurs de bactéries
Deux patients lyonnais souffrant d’infections bactériennes ont été traités avec des phages
Des virus grouillant dans les égouts qui pourraient révolutionner le traitement d’infections gravissimes. Les Hospices civils de Lyon ont présenté mercredi un traitement inédit dont ont bénéficié début 2017 des patients atteints d’infections bactériennes résistantes. Ils ont été soignés avec des bactériophages fabriqués en France et administrés à l’hôpital de la Croix-Rousse. 20 Minutes vous explique ce qu’est ce médicament prometteur.
Qu’est ce que les bactériophages ? Ce sont des virus tueurs de bactéries présents dans certains endroits comme les égouts, où les bactéries évoluent en masse. Ils ont été découverts en 1920 puis ont disparu à l’arrivée des antibiotiques. Ils sont toujours utilisés dans certains pays de l’Est pour éviter des amputations, mais selon un procédé de fabrication peu contrôlé. En France, la phagothérapie constitue un enjeu important dans le traitement des infections bactériennes résistantes aux antibiotiques. Mais elle ne bénéficie pas d’autorisation de mise sur le marché et devra faire l’objet d’études cliniques avant d’être généralisée. Pour ses patients, le Centre de référence des infections ostéo-articulaires complexes de la Croix-Rousse a bénéficié d’une autorisation temporaire délivrée par les autorités.
Comment sont-ils fabriqués ? En France, une société - Pherecydes Pharma - les produit. « Nous cherchons des bactériophages dans l’eau d’égout. On sélectionne les meilleurs puis nous les cultivons », explique Guy-Charles Fanneau de La Horie, de Pherecydes Pharma. Le traitement est ciblé. Chaque cocktail de phages est fabriqué pour tuer la bactérie responsable de l’infection de chaque patient.
Comment les patients ont-ils été traités ? Ce traitement a été utilisé dans des situations désespérées. Sur un homme atteint d’un cancer qui souffrait d’une infection osseuse et sur une femme dont la prothèse de hanche était infectée. « Les antibiotiques n’étaient pas efficaces », précise Tristan Ferry, médecin au Centre de référence de la Croix-Rousse. Les médicaments mis au point ont été administrés aux patients en complément d’un traitement chirurgical et antibiotique. L’infection a été maîtrisée. « Malheureusement, le premier patient, dont le cancer a évolué, est décédé. Notre patiente remarche alors qu’elle était condamnée à enlever sa prothèse et à être grabataire », ajoute Tristan Ferry.