« Robot, porte pour moi ! »
La start-up TwinswHeel entend révolutionner le marché
« Il ne s’agit pas de remplacer un salarié, mais de le soulager. »
Vincent Talon, fondateur
Qui aurait imaginé il y a encore trente ans qu’un robot puisse porter des choses lourdes pour vous ? Aujourd’hui, la fiction est devenue réalité. La start-up lyonnaise TwinswHeel, fondée en 2014 par des jumeaux Benjamin et Vincent Talon, a mis au point un droïde, un véhicule capable de suivre les humains à la trace, tel un chien de compagnie, afin de les aider. Pour l’instant, les engins sont utilisés en « sites fermés », comme des usines ou des ensembles de bureaux. Renault à Paris, Nissan en Californie, Siemens à Lyon ont déjà recours au robot. Le technicentre SNCF d’Oullins sera doté du sien d’ici la fin de l’année. « Ces droïdes ont été conçus pour porter des charges lourdes, allant de 40 à 120 kg selon les modèles. Il ne s’agit en aucun cas de remplacer un salarié, mais de le soulager, comme porter sa caisse à outils d’une pièce à l’autre. Cela peut également éviter les accidents », assure Vincent Talon. Le robot obéit à des commandes simples telles « suis-moi », « porte cette charge » ou « précède-moi » et fonctionne également en « mode collaboratif ». « On peut lui déléguer certaines tâches comme aller au magasin de l’usine afin d’y récupérer des pièces et les ramener », précise Vincent Talon. Cinq versions du droïde, proposant des usages sortant du cadre industriel, seront mises progressivement sur le marché d’ici à 2020. La start-up compte désormais partir à la conquête des « sites semi-ouverts », comme les hôpitaux ou les centres commerciaux. « L’idée est que le robot remplace les caddies et puisse transporter des emplettes d’une boutique à l’autre, ou qu’il se mette dans la file d’attente et paye à votre place pendant que vous prenez un café », ajoute Vincent Talon. Qu’il puisse aussi vous suivre jusque chez vous avec vos commissions, avant de rentrer au centre commercial servir d’autres clients. Seul problème actuellement : les véhicules autonomes (dont les robots) ne sont pas autorisés à rouler sur la voie publique en France. Mais Vincent Talon espère bien que cela changera dans les trois années à venir. Car l’« ultime étape » envisagée par la start-up à l’horizon 2019-2020 sera la livraison de colis chez des particuliers. « Ce qui permettra aux facteurs de se consacrer aux nouvelles tâches d’aide à la personne », selon le jumeau. Il ne serait donc pas totalement utopique qu’un droïde, doté de GPS et de capteurs, sonne un jour à votre porte.