20 Minutes (Lyon)

Epuisés, fatigués... Les praticiens appellent à l’aide

Selon le réseau d’aide aux soignants de Rhône-Alpes, la souffrance des praticiens grandit

- Elisa Frisullo

Ils sont encore peu nombreux à demander de l’aide. Mais le malêtre des médecins n’en reste pas moins un malaise grandissan­t, selon le réseau d’Aide aux soignants de Rhône-Alpes (Asra). Cette structure, encore peu connue, a été créée en 2012 par les conseils de l’Ordre des médecins de la région et l’Union régionale des profession­nels de santé médecins libéraux, pour répondre à la recrudesce­nce de l’épuisement profession­nel chez les praticiens. En cinq ans, Asra a reçu 400 appels de médecins en souffrance, soit entre cinq à dix par mois. « Les appels sont encore limités, mais on sait qu’il y a beaucoup plus de médecins en souffrance. Pour eux, faire la démarche d’appeler à l’aide n’est pas évidente », a expliqué le président d’Asra, le Dr Michel Evreux, qui a présenté mardi à Lyon les missions du réseau et le profil des praticiens accompagné­s. Près de 40 % des médecins qui ont appelé le réseau sont des généralist­es, 36 % des praticiens d’autres spécialité­s.

Une écoute 24h/24

« On observe une montée en puissance des médecins hospitalie­rs et des internes. L’hôpital est en restructur­ation permanente. On se retrouve avec des personnels qui subissent une pression administra­tive forte », ajoute le Dr Georges Granet, secrétaire du réseau. Plus de la moitié des appels sont dus à l’épuisement profession­nel ou à un conflit entre le médecin et un confrère ou sa hiérarchie. « L’épuisement profession­nel a des causes multiples : le manque de médecins, les contrainte­s administra­tives, les patients de plus en plus exigeants. Mais aussi des soucis familiaux ou financiers », détaille Michel Evreux. Pour répondre à leurs confrères en souffrance, 44 médecins et bénévoles, formés à l’écoute, assurent une permanence téléphoniq­ue (0 805 62 01 33), joignable 24 h/24. Dans les deux tiers des cas, après cet appel anonyme, les médecins sont orientés dans les 72 h vers l’une des 55 personnesr­essources d’Asra. Des psychiatre­s, addictolog­ues, avocats ou encore des fiscaliste­s. Les difficulté­s répétées dans un service par exemple peuvent être signalées à l’Agence régionale de santé. « La souffrance des médecins est un enjeu de santé publique. Car un médecin qui va mal soigne mal », estime Georges Granet, soucieux d’aider ses confrères avant des issues plus dramatique­s. « Le taux de suicide est d’environ 3,5 % en France. Chez les médecins libéraux, il monte à 14 % », rappelle-t-il.

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Les médecins hospitalie­rs sont de plus en plus nombreux à contacter Asra.

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