Le scandale prend corps
L’Office d’indemnisation examine, ce jeudi, les premiers dossiers d’enfants qui auraient subi des malformations ou connu des troubles autistiques à cause du médicament. Des milliers de familles sont concernées.
A4 ans, Andrea, scolarisé dans une maternelle de Haute-Savoie, ne sait sans doute pas que son cas va faire l’objet de débats à plus de 500 kilomètres de là, à Paris. Selon nos informations, le dossier médical de ce petit garçon sera, ce jeudi, l’un des premiers à être examinés par le collège d’experts de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), qui planchent sur le valproate de sodium. Soit la molécule contenue dans la Dépakine et d’autres médicaments anti-épileptiques. Sur le marché depuis 1967, il est aujourd’hui soupçonné, s’il est prescrit à une femme enceinte, de provoquer chez l’enfant à naître des risques de troubles du comportement et de malformations.
« Début octobre, 2521 familles se sont manifestées. » Marine Martin, présidente de l’Apesac
Caroline en a pris pendant sa grossesse en 2013. Os du front soudés, problèmes à l’urètre et aux testicules, hernies inguinales, difficultés respiratoires… La liste des malformations décelées sur son fils a déjà contraint ce dernier à subir quatre lourdes opérations chirurgicales. Ce n’est qu’il y a un an, en lisant des articles sur Internet, que ses parents ont fait le rapprochement avec le traitement contre l’épilepsie pris par Caroline durant sa grossesse. Elle a donc constitué un dossier pour l’Oniam. Ce jeudi, les experts vont donc être chargés de confirmer, ou non, le « lien de causalité » entre le valproate de sodium contenu dans la Dépakine et l’état de santé d’une dizaine d’enfants, dont Andrea. Si ce lien est établi, un comité devra faire une proposition d’indemnisation à la famille de Caroline. Et à toutes les autres victimes potentielles, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Marine Martin, présidente de l’Apesac, association agréée par le ministère de la Santé pour mener la première action de groupe de France, indique que « début octobre, 2521 familles s’étaient manifestées, ce qui représente 5047 enfants ». Selon nos informations, l’Etat aurait déjà prévu une enveloppe de 77 millions d’euros dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, rien que pour 2018, en vue d’une indemnisation. Une première étape puisque la Cour des comptes a chiffré à 424,2 millions d’euros le coût de ce scandale sanitaire au total.