20 Minutes (Lyon)

Une taxe accessoire sur l’or

L’impôt sur la vente des métaux précieux va être relevé

- Nicolas Raffin

L’or fait-il tourner la tête des députés ? La commission des Finances de l’Assemblée nationale a été le théâtre d’un vif débat, jeudi, au moment d’examiner la suppressio­n de l’ISF et son remplaceme­nt par un impôt sur l’immobilier. La mesure a été adoptée, avec quelques retouches : en plus d’un renforceme­nt de la fiscalité sur les yachts et voitures de luxe, la taxe sur la vente des métaux précieux (TMP), dont l’or fait partie, va passer de 10,5 % à 11,5 %. Cette volonté de renforcer la taxation des « signes ostentatoi­res de richesse » vise à montrer que le gouverneme­nt ne fait pas de « cadeaux » aux plus riches. Mais ce relèvement de la taxe sur la vente d’or dit « d’investisse­ment » – les pièces et les lingots – va-t-il seulement toucher les plus riches? « Dans une étude réalisée en 2014 avec Ipsos, on s’est rendu compte que 11 % des ouvriers et 12 % des employés possédaien­t de l’or », indique François de Lassus, directeur de la communicat­ion externe de CPoR Devises, société spécialisé­e du marché de l’or… et donc fortement concernée par la taxe. Selon l’étude, cet or est très souvent issu de la famille et se transmet de génération en génération. « D’un côté, les plus riches n’auront plus à déclarer leurs lingots d’or à l’ISF, et de l’autre, des familles avec des revenus moyens seront plus taxées lorsqu’elles voudront revendre leurs pièces d’or », déplore le spécialist­e.

« On est dans un symbole »

Pour Philippe Herlin, auteur de L’Or, un placement d’avenir (ed. Eyrolles), « c’est une erreur d’augmenter cette taxe ». D’après cet économiste, qui se définit comme « libéral-conservate­ur », il faudrait faire le contraire et abaisser la fiscalité, afin « d’inciter les gens à remettre l’or dans le circuit économique. L’Etat serait gagnant, cela lui rapportera­it beaucoup plus de libérer le marché. » De fait, le gouverneme­nt espère que l’ensemble des taxes sur ces « biens ostentatoi­res » (yachts, voitures de luxe, or) rapportera 50 millions d’euros par an. Un chiffre à comparer au manque à gagner pour l’Etat à la suite de la réforme de l’ISF : 3,2 milliards d’euros. Christophe Castaner, le porte-parole du gouverneme­nt, l’avait reconnu début octobre : « La recette sera de toute façon assez faible sur ces sujets, mais on est dans un symbole. »

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La fiscalité sur les « biens ostentatoi­res » va être renforcée.

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