La version originale du Levothyrox est made in Isère
Elaborée en France, la version originale du médicament n’est destinée qu’à l’Italie
L’information risque fort de venir ajouter à la colère des milliers de personnes qui subissent les effets secondaires de la nouvelle formule du Levothyrox. Les avocats de ces patients ont découvert que l’ancienne formule de ce médicament pour la thyroïde, baptisée Euthyrox, continuait d’être fabriquée en France dans un laboratoire de Bourgoin-Jallieu (Isère) pour être commercialisée en Italie. Et ce, contrairement à ce qu’affirment depuis mars le fabriquant allemand Merck, dont le siège français est à Lyon, et les autorités. Début octobre, face aux nombreuses plaintes sur les effets secondaires, 100000 boîtes de l’ancienne formule ont même été importées d’Allemagne et d’Italie pour être vendues dans les pharmacies françaises. « C’est incompréhensible quand on sait que la fabrication de la formule initiale continue sur le territoire français. Euthyrox est fabriquée par la société Patheon qui intervient sous contrat de Merck pour le marché italien. Il s’agit exactement de la même formule que le médicament vendu en France jusqu’en mars », assure à 20 Minutes Christophe Léguevaques, l’avocat des milliers de patients souffrant d’effets secondaires.
Un huissier au ministère
A la suite de cette découverte, l’avocat a fait appel à un huissier. « Il s’est rendu chez Patheon, chez Merck et au ministère de la Santé pour obtenir des réponses aux nombreuses questions qui se posent. Ils ont botté en touche », ajoute Christophe Léguevaques. Parmi ces questions, l’avocat se demande pourquoi les autorités françaises n’ont pas exigé de Merck que la production, en Isère, de l’ancienne formule ne soit pas réservée au marché français. « Devant la multiplication de cas d’effets indésirables causés par la nouvelle formule, pourquoi Merck n’a pas ordonné à son sous-traitant d’augmenter sa production de Levothyrox original ? » s’interroge-t-il encore. Pour obtenir des réponses, l’avocat envisage un recours à l’encontre du fabricant allemand et des autorités françaises. « Bien sûr que l’Agence nationale du médicament est au courant et sait ce qu’il se passe », renchérit-il, écoeuré pour les milliers de patients concernés par l’affaire Levothyrox. « Dans tout ça, les patients, on s’en moque. On les méprise », fulmine-t-il. Contactés mercredi, le ministère et Patheon n’ont pas répondu à 20 Minutes. Merck n’était pas joignable.