20 Minutes (Lyon)

Le casse-tête des autorités face aux mineurs isolés

Le Rhône fait face à un afflux massif de jeunes étrangers

- Caroline Girardon

Ils espéraient avoir touché au bout, rêvant d’une nouvelle vie, loin des menaces, loin des violences et des tortures qu’ils disent avoir subies dans leurs pays. Mais en arrivant à Lyon, ils ont simplement trouvé un coin de trottoir sale où dormir la nuit, au milieu des rats, des déjections et des détritus. Sans tente, ni couverture.

« On a parfois des doutes sur le fait qu’ils soient mineurs. Le vérifier prend du temps. » Stéphane Bouillon,

préfet du Rhône

Ces derniers mois, des centaines de mineurs isolés, venus pour la plupart d’Afrique avec leur baluchon, se sont retrouvés à la rue. Un casse-tête pour les autorités. A l’heure de présenter le plan d’hébergemen­t d’urgence qui sera déployé cet hiver à Lyon, le préfet du Rhône reconnaît qu’aucun volet spécifique ne leur sera consacré. Une fois leur statut confirmé, ils doivent être pris en charge par la Métropole. « Ils sont arrivés avec leur histoire, mais sans papiers pour la plupart d’entre eux. On a parfois des doutes sur le fait qu’ils soient mineurs. Le vérifier prend du temps », explique Stéphane Bouillon. En attendant un rendez-vous avec la Méomie, le service de la Métropole qui doit les héberger en urgence et procéder aux premières vérificati­ons, ils patientent dans la rue. La Métropole de Lyon se dit débordée par l’afflux de ces mineurs isolés non accompagné­s. 1 040 sont arrivés sur le territoire lyonnais depuis le début de l’année, contre 700 en 2016. « La difficulté c’est que nous devons faire à une crise migratoire sans précédent et un afflux massif de personnes en exode », constate le préfet. Dans le Rhône, le nombre de demandes d’asile a augmenté de 40 % entre 2015 et 2016, et 25 % l’an dernier. En raison d’« une embollisat­ion des dispositif­s d’accueil », les délais pour traiter les dossiers s’allongent considérab­lement. Il fallait en moyenne entre deux et cinq jours pour vérifier l’identité des mineurs. Aujourd’hui, cela nécessite plus de trois semaines, indique le préfet du Rhône, conscient qu’il « va falloir accélérer les délais et faire vite ». Si les services administra­tifs sont débordés, le dispositif d’hébergemen­t d’urgence et les CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile) sont également saturés. « Quoi que vous puissiez faire, les places sont systématiq­uement prises. » David Kimelfeld, le président de la Métropole a précisé qu’une associatio­n devrait être mandatée en janvier pour accélérer l’examen des dossiers concernant les mineurs isolés. Soit encore deux mois à dormir dans le froid…

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Plusieurs mineurs isolés avaient trouvé refuge vers la gare de la Part-Dieu.

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