20 Minutes (Lyon)

« Il y a de l’or dans nos poubelles »

- Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

Partie d’une feuille blanche en 1992, la France a recyclé 68 % des 4,8 millions d’emballages ménagers produits en 2016. Pas mal mais peux mieux faire ! Dans Green is the New Gold (éditions Cherche midi), Philippe-Loïc Jacob, président de Citeo (ex-Eco-Emballages), l’organisme qui chapeaute le recyclage, retrace le chemin parcouru ces vingtcinq dernières années. En cette journée mondiale du recyclage, son témoignage est précieux.

Pourquoi cela vous énerve-t-il qu’on assimile trop souvent les emballages à des déchets ?

On fait souvent la guerre aux emballages en laissant croire qu’ils sont arrivés pendant les Trente Glorieuses avec la grande consommati­on et qu’ils sont toujours superflus. Ce n’est pas vrai. Les emballages existent depuis la nuit des temps et ont des vertus indéniable­s. Ils évitent le gaspillage, en vous permettant de stocker un produit sans qu’il perde ses qualités gustatives. Penser qu’on pourra un jour se passer de l’emballage est illusoire. Le problème n’est d’ailleurs pas tant l’emballage que les comporteme­nts « sauvages » consistant à les jeter n’importe où.

Que représente aujourd’hui cette économie du recyclage ?

Les deux secteurs de la collecte et du recyclage représente­nt 28 000 emplois. Ce chiffre augmente. Il y a deux ans, ces tonnes d’emballages ménagés recyclés en France avaient été valorisées à plus de 250 millions d’euros sur une année. La valeur d’un matériau recyclé est très dépendante du cours du pétrole, en particulie­r le plastique produit à base d’hydrocarbu­res. Le prix du baril de pétrole n’est plus à 100 dollars, mais je suis confiant pour que les planètes s’alignent encore à l’avenir. Voilà pourquoi je dis qu’il y a de l’or dans nos poubelles.

Quels sont les freins au recyclage ?

Ça coince dans les villes. La Loire est une frontière dans le recyclage. Les taux de tri sont meilleurs au nord du fleuve, en particulie­r quand on va vers l’ouest, moins bons au sud. L’habitat vertical crée de l’irresponsa­bilité. Pour ma part, je crois beaucoup à l’idée de sortir les bacs à collecte dans les rues. A Paris, c’est le projet « Trilib ». Chaque station compte cinq bacs organisés pour recevoir les papiers et les journaux, les plastiques, les briques alimentair­es, les verres… Est-ce contraigna­nt de sortir ses emballages usagés le matin en allant au travail ? Je ne pense pas. Il faut que ce geste devienne un réflexe.

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La France a recyclé 68 % des 4,8 millions d’emballages ménagers en 2016.

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