« Ne pas opérer ces enfants, c’est être rétrograde ! »
La scène se déroule le 17 mars à l’Elysée. Invité à dresser le bilan de son action en matière de lutte contre les discriminations, François Hollande indique qu’il souhaite que soient interdites les opérations chirurgicales menées sur les enfants nés en situation d’intersexuation. « Elles sont de plus en plus largement considérées comme des mutilations », lâche-t-il alors. « Le comité contre la torture de l’ONU, en mai 2016, et le Conseil de l’Europe, en octobre 2017, ont pris exactement la même position, précisent Benjamin Pitcho et Mila Petkova, les avocats qui défendent Camille* (lire ci-dessus). Mais les médecins semblent sourds. » « Ne pas opérer ces enfants aujourd’hui, c’est être rétrograde! » répond Antoine Faix, responsable du comité d’andrologie et de médecine sexuelle à l’Association française d’urologie.
« Sexe d’élevage »
Installé à Montpellier (Hérault), ce médecin pointe le risque pour le développement des enfants que l’on laisserait vivre avec des caractéristiques sexuelles masculines et féminines à la fois. « Au-delà de 2 ans, il est essentiel qu’un enfant soit élevé comme petit garçon ou petite fille au risque de ne pas trouver sa place, explique-t-il. L’expression est malheureuse, mais c’est ce qu’on appelle le “sexe d’élevage”. » Reconnaissant que les résultats des interventions chirurgicales ne sont pas « toujours très bons », ce spécialiste n’est pourtant pas prêt à accorder aux personnes intersexuées le droit à l’autodétermination qu’elles réclament. « Ce sont les parents qui décident à la naissance, poursuit-il. Et je vous mets au défi de trouver un couple qui acceptera d’élever son bébé comme s’il n’était ni un petit garçon ni une petite fille ! »
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