« Sincèrement, j’étais dépassé »
Un traiteur était jugé mardi pour avoir annulé les prestations payées par ses clients
«Logiquement, ça aurait dû être le plus beau jour de ma vie. Au final, il en a fait un cauchemar. Il a tout simplement volé mon rêve. » Lauren a encore du mal à parler de ce qui lui est arrivé. La future mariée a été plantée devant l’autel, quelques mois avant le grand jour… par son traiteur. Une « escroquerie », selon elle. Sauf qu’Hocine Aïdel, ex-patron de Kaïsse Hallal, qui comparaissait mardi devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne, était poursuivi pour « banqueroute ».
« Il me paraissait honnête »
Cet habitant de Génilac a dû affronter 46 victimes à qui il doit plus de 252 000 € et neuf prestataires qui lui réclament aujourd’hui 96 000 €. L’homme est soupçonné d’avoir encaissé l’argent des premiers sans avoir réalisé les prestations promises, et de ne pas avoir payé les seconds. « Je n’étais pas parti pour avoir trop de commandes. Cette activité découlait d’une passion. Le volume a progressé au fil des années », explique-t-il à la barre. Au point d’organiser parfois cinq mariages le même jour. Proviseur adjoint dans un collège, l’homme avait développé en parallèle une activité de traiteur et d’organisateur de mariage orientaux. Les débuts en 2010 sont prometteurs. Sa réputation, excellente. Le boucheà-oreille fonctionne. On se l’arrache. « Il me paraissait honnête et sensible », confie Aïza, qui avait fait appel à ses services pour le baptême de son fils, déboursant 5 000 €. La prestation a été annulée trois jours avant que la société ne soit placée en liquidation judiciaire, en mai 2015. La petite entreprise connaissait déjà des difficultés depuis deux ans. Hocine Aïdel était devenu interdit bancaire. L’homme mène pourtant un train de vie modeste. La faute d’un client, dit-il. Trois chèques de 3 000 € ont été refusés. Autre raison : il ne faisait pas payer non plus les invités de dernière minute. « Entre 20 et 45 personnes en moyenne à chaque mariage. Et même 150, une fois », assure-t-il, devant des clients médusés. « A ce moment-là, vous auriez dû prévoir une autre gestion. Cela n’a pas fait tilt dans votre tête ? Comment avez-vous pu vouloir exercer une activité commerciale sans filet ?, l’interroge le président du tribunal. Vous vous êtes lancé dans une cavalerie qui vous menait forcément dans le mur. » «Très sincèrement, je n’ai pas pu prendre de recul. J’étais complètement dépassé. J’avais à coeur d’honorer chacune de mes prestations », répond-il. Les réquisitions étaient attendues dans la soirée.