20 Minutes (Lyon)

Gravé dans le rock

Johnny Hallyday s’est éteint dans la nuit de mardi à mercredi, à l’âge de 74 ans. De « Que je t’aime » à « Allumer le feu », « l’idole des jeunes » laisse derrière lui un demi-siècle de tubes mémorables.

- Caroline Girardon

«Aujourd’hui, c’est jour de deuil. Pas de PMU. » Un clin d’oeil adressé à l’un de ses clients. Une boutade pour éviter de dire qu’il en a un peu gros sur le coeur. Derrière son comptoir, Cyril essuie quelques verres et sert les clients, venus remplir une grille ou parler de l’idole. C’est lui qui a repris le Lorada Bar, le seul établissem­ent de Lyon consacré à la gloire de Johnny Hallyday. Un bar créé par son père Bernard en 1996. Pudique, l’homme confesse néanmoins que l’annonce du décès du chanteur a été « un choc ».

«Avant Johnny, il n’y avait rien. Le rock en France n’existait pas. Il a insufflé un vent nouveau.» Bernard, créateur du Lorada Bar

« J’ai entendu deux chansons de Johnny, diffusées à la suite. J’ai zappé sur une autre station. Une troisième chanson. J’ai compris avant même que le mot mort ne soit prononcé. » Des concerts, il en a assisté à des dizaines. La plupart du temps avec son paternel. La première fois, à l’âge de 8 ans. « La France est en deuil. On a perdu un grand chanteur. Cela me fait de la peine. Le pauvre. Je me disais qu’il irait mieux en 2018 et qu’il passerait cette épreuve », ajoute Yolande. Dans le poste, des chansons du rockeur tournent en boucle. Sur les murs de l’établissem­ent, Johnny trône fièrement aux côtés des fanions de l’Olympique lyonnais. Des photos agrandies et plastifiée­s que Bernard a pris le soin d’ajouter les unes après les autres. « Ce matin, il y a quelque chose en moi qui a disparu, lâche-t-il. Avant Johnny, il n’y avait rien. Le rock en France n’existait pas. On avait Tino Rossi ou André Claveau. Lui a insufflé un vent nouveau. Il avait une énergie incroyable sur scène. On n’avait encore jamais vu ça. » La révélation, Bernard l’a eue en 1962, à l’âge de 25 ans lors d’un concert au Palais d’hiver, où le nouveau phénomène de la chanson française se produisait en première partie de Charles Aznavour : « Le venin a fait effet. Si je dis que j’ai assisté à une cinquantai­ne de concerts, ça ne serait pas exagéré. Et je suis même peut-être loin du compte. » Jacqueline, qui vivait à l’étranger, s’est prise d’affection pour la star sur le tard. « Son visage buriné au fil des années m’a touchée. » « Sans vouloir faire preuve d’idolâtrie », elle dit avoir aimé « sa simplicité » et « sa réserve ». « Ce n’est pas quelqu’un qui se vantait. » « Mon grand regret est de ne pas avoir pu le rencontrer », glisse Bernard, fixant les murs de son bar. Un petit musée qu’il couve du regard. « A la maison, c’est différent. Sur les murs, c’est plutôt des portraits de la Callas. L’Opéra est ma seconde passion. Comme quoi, on peut aimer Johnny et l’opéra. Ce n’est pas incompatib­le. »

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A L’Olympia, le 26 octobre 1962.
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Bernard, fan de Johnny Hallyday, a fondé le Lorada Bar en 1996.

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