20 Minutes (Lyon)

Rien ne vaut le rire collectif

Pour les youtubeurs aussi, se produire sur scène demeure un objectif artistique

- Pierre Brun

En constatant que YouTube était devenu en quelques années une plateforme de choix pour les humoristes, on avait un peu paniqué, sur le mode « société du virtuel – fin des rapports humains – chacun chez soi – MDR – seul devant son ordi – c’est pas un peu triste ? » . Et puis, certains des youtubeurs les plus en vogue se sont lancés dans des tournées, jouant dans des salles de spectacle, à l’ancienne. Et ça a marché, comme pour Norman, qui a fait un vrai carton partout en France. Rien ne pourrait donc remplacer le rire collectif, le partage de l’humour, la scène ? « C’est exactement ça », nous a répondu Akim Omiri, jeune humoriste présent à la fois sur les scènes hexagonale­s et sur YouTube, où sa chaîne compte 283 000 abonnés. Du point de vue de celui qui doit faire rire, « au niveau des émotions, les deux n’ont rien à voir », poursuit l’artiste, qui joue son one-man-show Akim Omiri est super gentil au Palais des Glaces de Paris jusqu’au 31 décembre, puis au théâtre de la Cité, à Nice, les 19 et 20 janvier.

Créer un lien avec le public

Et pour la personne venue pour s’en payer une bonne tranche, c’est pareil. « Le rire, c’est par essence un plaisir qui se partage », ajoute le sociologue Michel Fize, auteur de Faites l’humour, pas la gueule : La fonction sociale du rire (Les Editions de l’homme). « Très souvent, si l’on est plusieurs, on va rire d’un élément déclencheu­r qui ne nous aurait pas fait rire si l’on avait été seul. » D’ailleurs, « le rire a un aspect imitatif, selon Michel Fize. Nous avons une case pour le rire dans notre cerveau, et elle peut être ébranlée de façon physiologi­que, lorsque l’on assiste aux manifestat­ions physiques du rire chez les autres. » Reste à se mettre le public dans la poche. Pour Akim Omiri, dans une salle, « même avant le spectacle, il y a un lien qui s’est créé. Les gens ont fait la démarche de venir. Ensuite, l’enjeu c’est de développer ce lien. Moi, j’estime que les spectateur­s ont le droit à ce que je leur raconte des choses plus intimes que sur Internet ». C’est d’ailleurs le conseil que le jeune humoriste a donné à son ami Norman avant que celui-ci ne se jette dans le grand bain de la scène : « Etre naturel. Les gens avaient envie de le connaître, lui, pas de retrouver son personnage de YouTube. » Car, pour Akim Omiri, « après un spectacle, on se sent plus proches les uns des autres ».

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Akim Omiri sur la scène du Montreux Comedy Festival, jeudi 30 novembre.

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