Au secours des madones
PATRIMOINE L’association, chargée de leur restauration, lance un appel aux artistes et aux habitants
Elles trônent souvent fièrement dans leurs niches, sans que les badauds, les yeux rivés sur leurs écrans de téléphone, ne les aperçoivent. Levez le nez et vous verrez qu’elles sont de partout. Dans les anciens quartiers ouvriers, au détour d’une ruelle du Vieux-Lyon ou près des églises. Les madones de Lyon, patrimoine si particulier, sont aujourd’hui en danger.
Concours pour les artistes
Il y a cent ans, on en comptait 400. Aujourd’hui, deux fois moins. « Les intempéries les ont abîmées. D’autres ont été enlevées ou cassées. De nombreuses niches sont aujourd’hui vides », constate Etienne Piquet-Gauthier, le président de l’association Les madones de Lyon, soucieux de préserver cette richesse et de « perpétuer cette belle tradition lyonnaise ». « Au 17e siècle, il y a en avait sans doute presque dans chaque rue de la ville (qui se limitait aux Vieux-Lyon d’aujourd’hui et à la portion de la Presqu’île située entre Terreaux et Bellecour), poursuit-il. Il faut savoir que ces madones, qui étaient vraisemblablement de grande qualité artistique, ont été mises par les Lyonnais eux-mêmes. Il ne s’agit pas d’une campagne menée à l’époque par le diocèse. Les habitants, qu’ils soient ouvriers ou bourgeois, avaient un attachement à la Vierge Marie, liée à l’histoire de la ville. Il y avait une piété populaire. Les petits immeubles modestes avaient aussi leur madone. » Pour sauver ce patrimoine en danger, l’association avait monté en 2009 un programme d’aide aux propriétaires qui souhaitaient restaurer leurs madones, avec la contribution de la ville. Neuf ans plus tard, elle lance un concours à destination des artistes, en leur proposant de réaliser deux sculptures à taille humaine. L’association déboursera entre 10 000 et 15 000 € pour chaque pièce. « Nous faisons également fabriquer des petites statues avant de proposer aux propriétaires d’immeubles de venir les installer », ajoute Etienne Piquet-Gauthier, qui incite les Lyonnais ayant récupéré une madone à se faire connaître. « L’autre jour, nous avons été contactés par une dame de 90 ans. Elle avait une statuette en sa possession depuis l’âge de 9 ans. Son père déblayait les rues de Lyon en 1944 après un bombardement. Il avait alors trouvé et ramassé une petite statue de 40 cm et l’avait offerte à sa fille. Elle l’avait toujours conservée jusque-là. »