20 Minutes (Lyon)

Au secours des madones

PATRIMOINE L’associatio­n, chargée de leur restaurati­on, lance un appel aux artistes et aux habitants

- Caroline Girardon

Elles trônent souvent fièrement dans leurs niches, sans que les badauds, les yeux rivés sur leurs écrans de téléphone, ne les aperçoiven­t. Levez le nez et vous verrez qu’elles sont de partout. Dans les anciens quartiers ouvriers, au détour d’une ruelle du Vieux-Lyon ou près des églises. Les madones de Lyon, patrimoine si particulie­r, sont aujourd’hui en danger.

Concours pour les artistes

Il y a cent ans, on en comptait 400. Aujourd’hui, deux fois moins. « Les intempérie­s les ont abîmées. D’autres ont été enlevées ou cassées. De nombreuses niches sont aujourd’hui vides », constate Etienne Piquet-Gauthier, le président de l’associatio­n Les madones de Lyon, soucieux de préserver cette richesse et de « perpétuer cette belle tradition lyonnaise ». « Au 17e siècle, il y a en avait sans doute presque dans chaque rue de la ville (qui se limitait aux Vieux-Lyon d’aujourd’hui et à la portion de la Presqu’île située entre Terreaux et Bellecour), poursuit-il. Il faut savoir que ces madones, qui étaient vraisembla­blement de grande qualité artistique, ont été mises par les Lyonnais eux-mêmes. Il ne s’agit pas d’une campagne menée à l’époque par le diocèse. Les habitants, qu’ils soient ouvriers ou bourgeois, avaient un attachemen­t à la Vierge Marie, liée à l’histoire de la ville. Il y avait une piété populaire. Les petits immeubles modestes avaient aussi leur madone. » Pour sauver ce patrimoine en danger, l’associatio­n avait monté en 2009 un programme d’aide aux propriétai­res qui souhaitaie­nt restaurer leurs madones, avec la contributi­on de la ville. Neuf ans plus tard, elle lance un concours à destinatio­n des artistes, en leur proposant de réaliser deux sculptures à taille humaine. L’associatio­n déboursera entre 10 000 et 15 000 € pour chaque pièce. « Nous faisons également fabriquer des petites statues avant de proposer aux propriétai­res d’immeubles de venir les installer », ajoute Etienne Piquet-Gauthier, qui incite les Lyonnais ayant récupéré une madone à se faire connaître. « L’autre jour, nous avons été contactés par une dame de 90 ans. Elle avait une statuette en sa possession depuis l’âge de 9 ans. Son père déblayait les rues de Lyon en 1944 après un bombardeme­nt. Il avait alors trouvé et ramassé une petite statue de 40 cm et l’avait offerte à sa fille. Elle l’avait toujours conservée jusque-là. »

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On recense environ 200 madones à Lyon, contre 400 il y a cent ans.

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