20 Minutes (Lyon)

Un psy rejugé après un meurtre commis par son patient

Il va comparaîtr­e après le meurtre commis par un de ses patients

- Elisa Frisullo

Il y a un an, pour la première fois en France, un praticien hospitalie­r était condamné sur le plan pénal pour « homicide involontai­re » après le meurtre perpétré par l’un de ses patients. A partir de mardi, Lekhraj Gujadhur, un psychiatre de 71 ans aujourd’hui retraité, sera jugé en appel à Grenoble après la mort de Luc Meunier. Le 12 novembre 2008, cet étudiant de 26 ans avait été poignardé à Grenoble par un patient schizophrè­ne de l’hôpital de SaintEgrèv­e, qui avait profité d’une sortie dans le parc de l’établissem­ent pour s’enfuir.

Une sortie non surveillée

En décembre 2016, le psychiatre avait écopé d’une peine de prison de dix-huit mois avec sursis pour avoir autorisé ce malade, atteint de psychose délirante chronique, à sortir. Egalement poursuivi, le centre hospitalie­r de Saint-Egrève avait été relaxé. Devant la cour d’appel, la responsabi­lité de ce praticien, qui a fait appel de sa condamnati­on, sera de nouveau au centre des débats. Le jour du drame, Jean-Pierre Guillaud, ce schizophrè­ne en hospitalis­ation d’office depuis deux ans à Saint-Egrève et déjà auteur d’agressions à l’arme blanche, s’était échappé sans difficulté de l’hôpital, après une sortie non surveillée dans le parc de l’établissem­ent. L’homme avait alors pris un car puis avait gagné le centre de Grenoble. Après avoir acheté un couteau, ce malade, déclaré irresponsa­ble par la suite, s’était jeté sur la première personne venue et l’avait poignardée. Luc Meunier, qui finissait à l’époque un doctorat en génie mécanique, était mort sous ses coups. A quelques heures du procès en appel, la famille de la victime s’apprête à revivre ces moments extrêmemen­t douloureux, sans volonté de vengeance, mais avec le souhait que la « faute » ayant conduit à la mort de Luc Meunier soit une nouvelle fois condamnée. « Ce n’est ni de l’acharnemen­t, ni de la vengeance. Ce que nous voulons, c’est que la justice dise qu’un médecin psychiatre n’a pas fait son boulot sur un patient précis et que c’est ce qui a conduit à la mort de mon frère », a indiqué Sylvaine Meunier, la soeur de la victime, samedi lors d’une conférence de presse. Pour l’avocat du psychiatre, ce procès en appel sera l’occasion de tenter de démontrer que son client ne peut pas être considéré comme seul responsabl­e. « Est-ce qu’il est normal que le chef de pôle, le médecin de ce patient et le directeur de l’hôpital ne soient pas là pour s’expliquer ? », demande Me Jean-Yves Balestas, interrogé par France 3. Soucieux que ce débat puise avoir lieu devant la cour, l’avocat a fait citer ces trois personnes comme témoins lors du procès.

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« Ce n’est pas de l’acharnemen­t », explique la soeur de la victime.

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