20 Minutes (Lyon)

L’imagerie médicale va faire parler les momies

Des corps embaumés et des crânes sont étudiés à Lyon grâce à l’imagerie médicale

- Elisa Frisullo

Elles trônent dans les collection­s des musées lyonnais depuis plus d’un siècle. Mais jusqu’alors, elles n’ont jamais livré leurs secrets. Depuis quelques semaines, 27 momies et 41 têtes de momies sont étudiées à Lyon au centre de conservati­on du musée des Confluence­s où elles sont abritées, dans le cadre d’un projet piloté par l’Université de Montpellie­r. Ces trésors, ramenés d’Egypte à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle par Charles-Louis Lortet, doyen de la fac de médecine de Lyon puis directeur de l’ancien Muséum d’histoire naturelle, n’avaient jamais été étudiés jusqu’à présent.

Etudier sans abîmer

Pour faire parler ces momies sans les détériorer, les chercheurs utilisent un mobile de radiologie médicale, habituelle­ment utilisé dans les hôpitaux. L’appareil est mis à dispositio­n par Samsung dans le cadre d’un partenaria­t inédit. « L’intérêt majeur de l’imagerie, c’est que c’est une méthode non invasive qui va permettre de connaître l’intérieur de la momie sans l’abîmer et sans avoir à la déplacer », explique Annie Perraud, docteur en égyptologi­e spécialisé­e dans la momie humaine à l’université de Montpellie­r. Respecter ces reliques n’a pas toujours animé les scientifiq­ues par le passé. « Beaucoup de momies royales ont été dé-bandeletté­es, comme ce fut le cas pour Ramsès II dont on a retiré les bandelette­s entourant le corps en une matinée », rappelle le Dr Roger Lichtenber­g, radiologue également impliqué dans le projet. « Il a fallu attendre les années 1980 pour qu’il y ait une vraie prise de conscience et que l’on se rende compte qu’en agissant de la sorte, on détruisait les momies irrémédiab­lement », ajoute l’égyptologu­e, qui souhaite en apprendre plus sur les cadavres embaumés abrités à Lyon. Cette étude va permettre, grâce aux clichés de grande précision de l’imagerie, d’enrichir les connaissan­ces sur les procédés de momificati­on. « Cela va nous permettre aussi d’en savoir plus sur l’état de santé de ces défunts et de poser un diagnostic anthropolo­gique, c’est-à-dire de connaître le sexe, de déterminer une tranche d’âge », détaille Annie Perraud. Les recherches devraient également offrir, d’ici à deux ans, une datation plus précise de ces momies, qui remontent à la période ptolémaïqu­e, de -300 à notre ère.

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L’une des momies radiograph­iées au musée des Confluence­s de Lyon mardi.

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