Les trans victimes de discriminations dans leurs soins
Une étude révèle les freins que subissent les LGBTI dans leur parcours de soins
«Pour moi, vous êtes toujours un homme, alors ça sera monsieur. » Voilà le genre de remarques qu’a essuyées Léa*, transgenre, de la part de professionnels de santé. Et elle n’est pas un cas isolé. Se faire soigner quand on est une personne trans, en France, ressemble souvent à un parcours du combattant, jonché de regards et de mots blessants. Un colloque se tiendra jeudi à Bordeaux pour se pencher sur la santé des LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes). Et faire connaître la première enquête menée en France sur leur santé**. « On parle prioritairement de la question du sida quand on évoque la santé des LGBTI, déplore Arnaud Alessandrin, sociologue et codirecteur de l’étude. On voulait mettre l’accent sur le cancer, la santé scolaire et la chirurgie de l’obésité. » L’enquête rappelle que les personnes trans ne peuvent rarement se passer de médecins. Celles qui souhaitent une opération génitale ou une hormonothérapie doivent trouver un praticien bienveillant et effectuer obligatoirement un long travail en psychiatrie.
Méconnaissance
Ainsi, 72 % des personnes trans interrogées se sont senties « mal à l’aise » dans leurs parcours de soins du fait de leur identité de genre, contre 44 % des hommes gays et bi et 52 % des femmes lesbiennes et bi. « Parfois, les attitudes des soignants changent quand ils prennent conscience qu’on est trans, a observé Léa. Ils piquent moins bien ou refusent de mettre à jour le dossier médical. » Des attitudes qui ne sont pas sans conséquences. En effet, 40 % des personnes LGBTI n’ont jamais parlé de leur identité de genre à des professionnels de santé. Pire, 14 % ont évité des soins. Léa vit à Nancy mais a gardé son médecin traitant à Lille. « Trouver un généraliste est compliqué, assure-t-elle. Ils peuvent être secs, malveillants ou refuser des prescriptions. » Outre ces attitudes, c’est la méconnaissance des praticiens qui est pointée du doigt. « Les rares études étrangères sur l’effet des hormones qu’on donne aux personnes trans ne sont pas connues des praticiens français, assure le sociologue Arnaud Alessandrin. Il y a un manque de savoir-faire en France. » Dès lors, certains patients se tournent vers des pages Facebook ou des forums sur Internet. * Le prénom a été changé.
** Etude sur la santé des LGBTI avec plus de 1 100 réponses par questionnaire, 40 entretiens et plus de 100 articles recensés.