20 Minutes (Lyon)

Les trans victimes de discrimina­tions dans leurs soins

Une étude révèle les freins que subissent les LGBTI dans leur parcours de soins

- Oihana Gabriel

«Pour moi, vous êtes toujours un homme, alors ça sera monsieur. » Voilà le genre de remarques qu’a essuyées Léa*, transgenre, de la part de profession­nels de santé. Et elle n’est pas un cas isolé. Se faire soigner quand on est une personne trans, en France, ressemble souvent à un parcours du combattant, jonché de regards et de mots blessants. Un colloque se tiendra jeudi à Bordeaux pour se pencher sur la santé des LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes). Et faire connaître la première enquête menée en France sur leur santé**. « On parle prioritair­ement de la question du sida quand on évoque la santé des LGBTI, déplore Arnaud Alessandri­n, sociologue et codirecteu­r de l’étude. On voulait mettre l’accent sur le cancer, la santé scolaire et la chirurgie de l’obésité. » L’enquête rappelle que les personnes trans ne peuvent rarement se passer de médecins. Celles qui souhaitent une opération génitale ou une hormonothé­rapie doivent trouver un praticien bienveilla­nt et effectuer obligatoir­ement un long travail en psychiatri­e.

Méconnaiss­ance

Ainsi, 72 % des personnes trans interrogée­s se sont senties « mal à l’aise » dans leurs parcours de soins du fait de leur identité de genre, contre 44 % des hommes gays et bi et 52 % des femmes lesbiennes et bi. « Parfois, les attitudes des soignants changent quand ils prennent conscience qu’on est trans, a observé Léa. Ils piquent moins bien ou refusent de mettre à jour le dossier médical. » Des attitudes qui ne sont pas sans conséquenc­es. En effet, 40 % des personnes LGBTI n’ont jamais parlé de leur identité de genre à des profession­nels de santé. Pire, 14 % ont évité des soins. Léa vit à Nancy mais a gardé son médecin traitant à Lille. « Trouver un généralist­e est compliqué, assure-t-elle. Ils peuvent être secs, malveillan­ts ou refuser des prescripti­ons. » Outre ces attitudes, c’est la méconnaiss­ance des praticiens qui est pointée du doigt. « Les rares études étrangères sur l’effet des hormones qu’on donne aux personnes trans ne sont pas connues des praticiens français, assure le sociologue Arnaud Alessandri­n. Il y a un manque de savoir-faire en France. » Dès lors, certains patients se tournent vers des pages Facebook ou des forums sur Internet. * Le prénom a été changé.

** Etude sur la santé des LGBTI avec plus de 1 100 réponses par questionna­ire, 40 entretiens et plus de 100 articles recensés.

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Au moment de se faire soigner, les LGBTI sont victimes de mots blessants.

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