20 Minutes (Lyon)

Rescapée, Julie raconte son terrible accident

Julie, rescapée du drame du cours Vitton, se confie

- Caroline Girardon

Quinze mois ont passé. Julie a repris patiemment goût « aux petits plaisirs de la vie ». La nuit du 23 octobre 2016, elle a été grièvement blessée cours Vitton à Lyon. L’une de ses meilleures amies, AnneLaure, n’a pas survécu. Fauchée involontai­rement par un conducteur qui a perdu le contrôle de son véhicule après avoir été percuté par un chauffard. Ce dernier conduisait sans permis, ivre et sous l’emprise de stupéfiant­s. Il roulait à 105 km/h et venait de griller plusieurs feux rouges.

« Comment peut-il dire qu’il ne l’a pas fait exprès ? Ça me rend dingue d’entendre ça. »

Les mois se sont écoulés. Mais la « violence extrême » se fait toujours ressentir, explique Julie. « Tant sur le deuil qu’au niveau des séquelles physiques et psychologi­ques. » La jeune femme a eu un traumatism­e crânien, le genou et le tibia fracturés, la pommette enfoncée. Elle s’est vue mourir. Elle sait qu’elle a eu « la chance » de s’en tirer. Mais elle a mis du temps à l’accepter. Aujourd’hui, elle reste rongée par la culpabilit­é, se reproche d’avoir proposé à Anne-Laure de l’accompagne­r. « Je me refais le film de la soirée en permanence. Je me revois prendre mon manteau. Je repense au moment où on a décidé de marcher pour rentrer, confiet-elle. Cela me hante. Pourquoi n’ai-je pas commandé un Uber ce soir-là ? » « J’en fais des cauchemars et me réveille encore en sursaut la nuit », poursuit-elle les yeux embués de larmes. Le regard se détourne. Il lui a fallu six mois avant de pouvoir remarcher. Puis la peur de sortir de chez elle. Ce quartier qu’elle s’est mis subitement à détester. Elle attend encore des excuses qui ne sont jamais venues. Les trois autres occupants de la voiture, qui seront finalement poursuivis pour « omission de porter secours », ont détalé après s’être fait passer pour des victimes. Mais la jeune femme n’est pas dupe. « Ils vont prendre combien ? Quatre ans au maximum pour le conducteur ? » La date du procès n’a pas été fixée. Elle redoute déjà l’issue. « Il va s’en tirer à bon compte alors qu’il a ôté la vie de mon amie. Je ne le supportera­i pas », prévient-elle. Aujourd’hui « cette injustice (la) révolte, (la) bouffe de l’intérieur ». « Le jour de la comparutio­n immédiate, il n’a exprimé aucun regret. Il disait que l’accident était involontai­re. Il s’est excusé car la juge lui a demandé de le faire mais il ne m’a même pas regardée une seule fois », se souvientel­le. « Il avait bu, pris de la drogue, roulait trop vite, il a grillé des feux. Il n’avait pas le permis. Comment peut-il dire qu’il ne l’a pas fait exprès ? Ça me rend dingue d’entendre ça. » Seul « point positif dans tout ça » : « je me suis rendu compte de la valeur de la vie », conclut-elle.

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Julie, grièvement blessée dans l’accident, a attendu six mois pour remarcher.

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